Ce n'est pas en marginalisant ses femmes que l'Égypte réglera ses problèmes, qui sont beaucoup plus économiques que politiques.

C'est l'avertissement qu'a lancé hier aux Frères musulmans le président israélien, Shimon Peres, à moins de deux semaines du scrutin présidentiel dans le pays des pharaons.

Hier, le Prix Nobel de la paix ne s'adressait pourtant pas à une foule d'électeurs égyptiens, mais plutôt à quelques centaines de membres de la communauté juive montréalaise, rassemblés à la synagogue Shaar Hashomayim, à Westmount, pour l'entendre.

«Si les femmes souffrent de discrimination, les premières victimes seront les enfants», a dit le politicien israélien en évoquant à mots couverts la place grandissante des partis islamistes dans l'Égypte post-Moubarak.

«Le problème de la région est bien plus la pauvreté que la politique», a-t-il ajouté. Pour le moment, il voit bien peu de leaders proposer des solutions concrètes aux problèmes soulevés par la jeunesse lors des manifestations du Printemps arabe.

L'Égypte, avec laquelle Israël a signé un pacte de paix en 1979, a été l'un des nombreux sujets d'actualité que l'ancien premier ministre israélien a abordés, hier, dans son discours d'une trentaine de minutes.

«Nous ne sommes pas seuls»

Celui qui a été nommé au poste honorifique de président par le Parlement israélien, la Knesset, en 2007, n'a pas manqué de parler du dossier nucléaire iranien et des menaces de frappes israéliennes, comme il l'a fait pendant toute la durée de sa visite de quatre jours au Canada.

Si l'homme qui a été au coeur de la création du programme nucléaire israélien juge réel le danger que pose l'Iran. Il croit que l'actuel gouvernement israélien, dirigé par Benyamin Nétanyahou, n'a pas intérêt à faire cavalier seul contre le régime des ayatollahs.

«Nous ne sommes pas seuls», a affirmé le président Peres. Les Américains ont à ce sujet, selon lui, les mêmes intérêts qu'Israël et il est préférable d'aborder la question dans une large coalition plutôt que de frapper l'Iran en solo.

Les manchettes du jour n'ont cependant pas été le seul sujet du discours de M. Peres hier. L'ancien bras droit de David Ben Gourion s'est replongé dans le passé pour parler de la fondation de l'État hébreu. Au détour, il n'a pas manqué une occasion pour faire rire l'auditoire, auquel il s'est adressé presque exclusivement en anglais.

Il a rappelé que, il y a 64 ans, les sionistes n'ont pas choisi Israël pour son paysage. «Il y a des roches dans le nord du pays et un désert dans le sud. Il y a deux lacs, dont un est mort», a-t-il lancé, en référence à la mer Morte.

Un important dispositif de sécurité a été mis en place pour la visite de l'homme d'État à Montréal, son dernier engagement avant son retour en Israël. Selon une source du consulat d'Israël, Shimon Peres, âgé de 88 ans, a annulé une rencontre prévue avec le premier ministre du Québec, Jean Charest.