La Turquie refuse d'extrader le vice-président irakien Tarek al-Hachémi, poursuivi pour meurtres dans son pays et recherché par Interpol, a déclaré mercredi le vice-premier ministre turc Bekir Bozdag.

«Nous n'extraderons pas quelqu'un que nous avons soutenu depuis le début (...) Notre position à ce sujet est claire», a-t-il dit à des journalistes, cité par l'agence de presse Anatolie, après qu'Interpol eut diffusé mardi une demande d'arrestation internationale en vue de son extradition de Turquie.

«Il se trouve en Turquie pour des raisons médicales», a dit M. Bozdag.

M. al-Hachémi, l'un des plus importants dirigeants sunnites d'Irak, se trouve depuis le 9 avril à Istanbul et dispose de la bienveillance du gouvernement islamo-conservateur turc, dirigé par Recep Tayyip Erdogan dans un pays majoritairement sunnite dont les rapports avec Bagdad se sont récemment dégradés.

M. al-Hachémi est l'un des dirigeants du bloc laïque Iraqiya, en conflit depuis des mois avec le premier ministre chiite Nouri al-Maliki, accusé d'autoritarisme.

Il estime être l'objet dans ce contexte d'une chasse aux sorcières à visées politiques.

M. Bozdag a ajouté que «la Turquie a aussi des demandes à l'Irak», comme l'extradition des commandants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie), qui utilisent leurs bases arrières situées dans le nord de l'Irak comme tremplin pour mener des attaques en territoire turc.

«Nous avons demandé leur extradition, mais n'avons à ce jour pas obtenu de réponse favorable de la part du gouvernement irakien», a-t-il déploré.

Le vice-président irakien et certains membres de sa garde rapprochée sont poursuivis pour le meurtre de plusieurs hauts responsables. Le procès doit commencer jeudi à Bagdad.

L'affaire al-Hachémi intervient dans une période de tensions entre Ankara et Bagdad.

M. Erdogan a récemment accusé son homologue irakien de monopoliser le pouvoir et de discriminations à l'égard des groupes sunnites dans son gouvernement, ce à quoi le premier ministre chiite a répliqué en accusant la Turquie de faire preuve d'animosité dans la région en cherchant à s'ingérer dans les affaires internes de ses voisins.

Après le lancement d'un mandat d'arrêt à son encontre en décembre, M. al-Hachémi avait rejeté les accusations le visant et avait pris la fuite.

Il avait trouvé refuge le 19 décembre auprès des autorités de la région autonome du Kurdistan irakien qui ont refusé de le livrer à la justice de Bagdad, puis s'était rendu au Qatar, en Arabie saoudite, avant d'arriver en Turquie.