L'un des premiers défis de François Hollande sera de rassurer les alliés de la France au sein de l'OTAN, qui ont été surpris par son annonce d'un retrait des soldats combattants d'Afghanistan à la fin 2012, deux ans avant les autres pays.

Quelques jours seulement après son entrée en fonction, le nouveau président français sera très attendu à Chicago, où se tiendra les 20 et 21 mai le sommet de l'OTAN, le premier depuis novembre 2010.

M. Hollande devra y expliquer pourquoi il estime que la mission des soldats français est désormais «terminée» et comment il entend les retirer sans affaiblir la force internationale.

«Je considère que, sans prendre le moindre risque pour nos troupes, il convient de retirer les troupes combattantes fin 2012», a-t-il déclaré le 2 mai. «J'annoncerai cette décision dès le sommet de l'OTAN de Chicago (...) pour que nous engagions ce processus. Je le ferai en bonne intelligence avec nos alliés», a-t-il souligné.

Au siège de l'OTAN, à Bruxelles, «le message de M. Hollande est passé et personne ne devrait donc être surpris à Chicago», a indiqué un diplomate.

N'empêche, cette annonce «n'a pas été chaudement accueillie», selon lui. Car elle ébranle la stratégie établie par l'ensemble des alliés en 2010 qui vise à finaliser le retrait des troupes étrangères à la fin 2014.

Il en va de même au sein du gouvernement afghan. «Si la France se retire à la fin de l'année nous serons préoccupés, mais nous respecterons sa décision», a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Daulat Waziri.

Le président Nicolas Sarkozy avait déjà enfoncé un coin en décidant au début de l'année d'avancer l'échéance à fin 2013 pour les troupes combattantes françaises.

«Il ne faut pas exagérer les conséquences de l'accélération du calendrier par les Français», souligne François Heisbourg, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique. «Son impact sera limité sur le plan militaire car les soldats français ne sont actuellement que 3.500 sur un total de 130.000, dont les trois-quarts d'Américains», dit-il.

L'OTAN devra cependant réorganiser le soutien à l'armée afghane à qui les Français s'apprêtent à transférer la sécurité de la province de Kapisa (nord-est), la seule dont ils ont actuellement la charge.

«L'adaptation sera gérée sans heurt» afin de «ne pas affecter la situation sécuritaire sur le terrain», assure un responsable militaire de l'Alliance.

Au-delà des annonces politiques, les armées françaises préparent les opérations de retrait qui s'annoncent extrêmement complexes à mener, prendront du temps et coûteront cher. Car il s'agit de rapatrier 1.500 conteneurs et 1.200 véhicules, dont quelque 500 blindés lourds, et 14 hélicoptères.

M. Hollande a reconnu que l'évacuation du matériel prendra «plus de temps» que celle des hommes et qu'elle se poursuivra au-delà de la fin 2012.

A Chicago, le nouveau président devrait par ailleurs rassurer les alliés de l'OTAN en ne revenant pas sur la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Alliance, une décision prise par M. Sarkozy malgré les critiques des socialistes.

Publiquement, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a affiché sa sérénité. «La France a toujours été fortement impliquée dans nos opérations de sécurité et je voudrais que cela reste le cas, quel que soit celui qui sera élu», a-t-il déclaré en avril.

M. Hollande pourrait cependant afficher sa différence sur le bouclier anti-missile, dont l'OTAN entend annoncer l'achèvement de la première phase à Chicago. «Je suis réticent à l'égard de cette évolution», a-t-il récemment déclaré, en regrettant que la France n'ait pas les moyens d'y participer au niveau industriel.