Il y a quelques années, les portraits des «martyrs» de la deuxième intifada tapissaient les murs des bâtiments en Cisjordanie. Mais de nouveaux visages remplacent ces jours-ci les photos des jeunes hommes armés: ceux des grévistes de la faim. Hier, plus d'un millier de prisonniers palestiniens ont lancé une bataille des estomacs vides.

1200

Ils ont choisi la Journée des prisonniers palestiniens pour lancer simultanément leur action. Depuis hier, quelque 1200 détenus palestiniens sont entrés dans une grève de la faim «illimitée» dans les prisons israéliennes. En solidarité, environ 2300 autres prisonniers ont levé le nez sur leurs rations quotidiennes pour une journée. Cette guerre du ventre creux a plusieurs buts: les détenus dénoncent les mises en isolement, les conditions des visites familiales, les fouilles au corps de leurs proches et les détentions «administratives».

319

Les détentions administratives sont au coeur du débat pour plusieurs Palestiniens. La mesure permet de garder derrière les barreaux tout suspect pour une période de six mois, renouvelable indéfiniment, sans jugement ni inculpation. Aujourd'hui, 319 prisonniers palestiniens seraient dans cette situation. Leur emprisonnement est habituellement lié à des raisons de sécurité et les informations les concernant ne sont accessibles ni au détenu ni à ses avocats.

66

En février, Khader Adnane était à l'article de la mort, après 66 jours de jeûne. Même s'il est loin d'être le premier Palestinien à se priver de nourriture pour des raisons politiques, il a battu un record et créé un effet d'entraînement. Déjà condamné pour ses activités au sein du Jihad islamique, mouvement islamiste radical, l'homme de 33 ans dénonçait son emprisonnement administratif. Il a accepté de recommencer à se nourrir après un engagement des autorités israéliennes à ne pas reconduire sa mise en détention. Il devait être libéré hier.

3

Des images montrent Hana Shalabi, 30 ans, son visage souriant encerclé par un voile jaune. D'autres la montrent étendue sur une civière. Après 43 jours sans nourriture, la Palestinienne, libérée dans le cadre de l'échange pour la libération du soldat israélien Gilad Shalit, a été relâchée à la fin du mois de mars après avoir accepté d'être envoyée dans la bande de Gaza pour trois ans. L'armée israélienne l'accuse d'être une «agente du jihad mondial».

-Avec l'AFP