Quelque 1200 détenus palestiniens ont entamé mardi une grève de la faim à l'occasion de la Journée annuelle des prisonniers, marquée par des manifestations de soutien dans les Territoires palestiniens.

Des milliers de Palestiniens se sont rassemblés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza en solidarité avec les prisonniers incarcérés en Israël qui ont refusé de s'alimenter mardi.

«Dans le cadre de la Journée des prisonniers, 2300 prisonniers de sécurité ont dit qu'ils refuseraient de se nourrir aujourd'hui (mardi) et 1200 autres ont annoncé qu'ils entamaient une grève de la faim», a précisé un communiqué des services pénitentiaires israéliens.

Les Palestiniens manifestent tous les 17 avril pour la Journée des prisonniers.

«Selon nos estimations, 1600 prisonniers (sur un total de 4700) devaient commencer une grève, mais il y a eu des différences d'opinions entre les prisonniers qui ont fait que tous n'ont pas rejoint le mouvement», a déclaré de son côté à l'AFP le ministre palestinien des Prisonniers Issa Qaraqaë.

«Mais ce nombre devrait augmenter dans les jours qui viennent», a-t-il promis.

Le président du Club des prisonniers, Qaddoura Farès, a affirmé, lors d'un rassemblement de 3000 personnes à Naplouse (nord de la Cisjordanie) que «1500 prisonniers de tous les mouvements» palestiniens ont cessé de s'alimenter et d'autres devraient rejoindre le mouvement.

Une porte-parole de ce Club a assuré qu'il ne s'agissait que d'une «première étape».

«Aujourd'hui marque la première étape et nous estimons que tous les prisonniers participeront (à la grève de la faim) d'ici la fin du mois», a précisé la porte-parole, Amani Sarahne.

Un millier de manifestants se sont rassemblés dans le centre de Ramallah (Cisjordanie). Ils devaient ensuite se diriger vers la prison militaire d'Ofer,  située près la ville.

À Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, 1500 personnes ont brandi des portraits de prisonniers et des drapeaux nationaux palestiniens.

Des centaines d'autres Palestiniens se sont aussi regroupés à Tulkarem et Qalqiliya, dans le nord de la Cisjordanie, selon des correspondants de l'AFP.

Par ailleurs, dans la ville de Gaza, 2000 manifestants ont défilé vers le siège de la Croix-Rouge, où une tente de solidarité a été dressée.

Israël devait libérer mardi un responsable du groupe radical Jihad islamique, Khader Adnane, qui a observé récemment une grève de la faim record de 66 jours, après avoir été maintenu quatre mois en détention administrative, sans inculpation.

Sa stratégie de grève de la faim a relancé le dossier très controversé de la détention administrative, une mesure héritée du Mandat britannique sur la Palestine qui permet à Israël de garder en prison sans jugement des suspects pour des périodes indéfiniment renouvelables de six mois.

Son exemple a inspiré neuf autres détenus palestiniens, qui ont commencé des grèves de la faim dans les prisons israéliennes ces dernières semaines.

Quatre d'entre eux ont été hospitalisés en prison en raison de la dégradation de leur état de santé, a indiqué le Club des prisonniers palestiniens.

Au total 4699 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, la plupart pour des motifs sécuritaires, dont 319 en détention administrative, indiquent les dernières statistiques du ministère palestinien des Prisonniers. Au total, 534 ont été condamnés à la prison à perpétuité.

Dans le passé, six Palestiniens sont morts derrière les barreaux à la suite de complications liées à des grèves de la faim: Abdul Kader Abou al-Fahem (1970), Rasem Halaweh, Anis Dawleh, Ali al-Jaafari et Ishaq Maraha au début des années 1980, et Hussein Ibeidat en 1992, selon des sources officielles palestiniennes.