Israël interdisait dimanche l'entrée sur son sol à des centaines de militants de l'opération «Bienvenue en Palestine» dénonçant son contrôle de l'accès aux Territoires palestiniens occupés, soit à leur arrivée, soit dans les aéroports de départ.

Sur quelque 1500 participants espérés, dont 500 à 600 Français, seuls quelques dizaines sont parvenus jusqu'à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, la grande majorité ayant été bloquée à l'embarquement.

Au total, 43 passagers, dont une majorité de Français, étaient en instance d'expulsion, a annoncé à l'AFP le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld, précisant que 31, qui avaient refusé d'être refoulés, avaient été placés en détention.

«Douze ont été renvoyés dans les pays d'où ils venaient et les autres ont été transférés dans une prison à Ramle», près de Tel-Aviv, a-t-il ajouté, faisant état par ailleurs de neuf Israéliens interpellés pour «troubles à l'ordre public».

Selon un communiqué de son Bureau, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé en soirée son ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharanovicth pour le remercier de «la détermination des officiers et commandants de la police» contre une action qui menaçait l'aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv.

Une des organisatrices françaises de cette action, Olivia Zemor, a indiqué dans un communiqué que 27 des 31 détenus venaient de la région de Lyon (centre de la France) et étaient arrivés de Genève.

Le comité d'accueil palestinien à Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie, a annoncé que trois militants étaient néanmoins parvenus à passer.

Les organisateurs palestiniens ont dénoncé dans un communiqué une «nouvelle procédure illégale» des autorités israéliennes qui demandent aux passagers de signer «une déclaration par laquelle ils s'engagent à ne pas avoir de contact et à ne pas coopérer avec des +membres d'organisations pro-palestiniennes+».

Le ministère israélien de l'Intérieur a indiqué vérifier ces informations.

L'opération «Bienvenue en Palestine», organisée du 15 au 22 avril, pour la troisième année consécutive, dénonce l'occupation israélienne, en particulier le contrôle par Israël de tous les accès à la Cisjordanie.

Des centaines de policiers israéliens ont été déployés à l'aéroport, la radio évaluant leur nombre à 650, la plupart en civil.

«Quelques militants ont tenté de venir et de créer une provocation, plusieurs dizaines ont été arrêtés», a déclaré le ministre israélien de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovitch, estimant avoir «réussi à empêcher une provocation».

«Les méthodes mafieuses employées par le trio Israël/compagnies/polices complices ont certes réussi à empêcher de voler des centaines de participants un peu partout sur le continent», a déploré Olivia Zemor.

Mais «l'initiative a déjà rencontré un écho au niveau mondial, y compris dans les médias israéliens où les mensonges de la propagande officielle sur le caractère «provocateur» de gens n'ayant d'autre tort que de vouloir se rendre en Palestine occupée étaient largement remis en question», a-t-elle assuré.

En amont, les compagnies française Air France, britanniques easyJet et Jet2.com et allemande Lufthansa ont annulé les billets de voyageurs dont les noms figuraient sur une liste de «personnes indésirables» communiquée par Israël.

A l'aéroport parisien de Roissy, où quelque 90 militants ont été empêchés d'embarquer, des dizaines de personnes ont manifesté en scandant «Aujourd'hui, le checkpoint est à Paris!».

A Bruxelles, au moins 120 militants pro-palestiniens ont protesté après le refus de plusieurs compagnies, en particulier Brussels Airlines, d'embarquer une centaine d'entre eux pour Tel Aviv.

A Genève, une vingtaine de militants ont embarqué pour Tel Aviv, mais une quarantaine d'autres, bloqués par la police, en ont été réduits à protester.

A Istanbul, Turkish Airlines a bloqué une cinquantaine de militants.

A Rome, Alitalia a refusé l'embarquement à sept militants italiens, et à Vienne, Austrian Airlines a fait de même pour cinq passagers.

En juillet 2011, Israël avait obtenu que des centaines de militants soient empêchés d'embarquer, et en avait bloqué puis expulsé près de 70 autres à leur arrivée.