Les autorités iraniennes ont annoncé lundi avoir «suspendu indéfiniment» l'accréditation du bureau de l'agence d'information Reuters en Iran, à la suite d'un reportage qualifiant de «terroristes» un groupe de femmes s'entraînant aux arts martiaux.

La suspension a été annoncée par le responsable du ministère de la Culture et de la guidance islamique (ERSHAD), Mohammed Javad Aghajari, cité par l'agence Irna.

«La décision a été prise après la diffusion d'un film vidéo par le département vidéo de l'agence, qualifiant certaines athlètes féminines iraniennes pratiquant le ninjutsu de terroristes», a-t-il souligné.

Ce reportage vidéo a été diffusé par Reuters début février et montrait des femmes suivant un entraînement de «ninjas» dans la ville de Karaj, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Téhéran.

Reuters avait indiqué la semaine dernière dans une dépêche que le reportage avait été initialement diffusé avec comme titre «des milliers de femmes ninjas s'entraînent pour devenir les assassins de l'Iran» mais qu'après avoir reçu des plaintes de Téhéran, le titre avait été changé en «trois mille femmes ninjas s'entraînent en Iran».

Les «Assassins», ou «Hashishin», étaient une secte guerrière formée au temps des croisades dont l'une des places-fortes se trouvait sur les bords de la mer Caspienne, que borde l'Iran.

Selon la télévision iranienne Press TV, plusieurs des femmes présentées dans le reportage auraient fait part de leur intention de porter plainte contre Reuters.

Dans un reportage diffusé lundi, cette télévision, financée par l'État, a indiqué que Reuters ne s'était pas excusée pour avoir accusé les femmes présentées dans le reportage d'être des «assassins clandestins au service de la République islamique».

Selon les déclarations retransmises par Irna, M. Aghajari a estimé que le reportage de Reuters «donnait une image très négative» en laissant entendre que «l'enseignement de l'assassinat et du terrorisme est pratiqué en Iran» et montrait «une volonté de l'agence de presse de manipuler l'opinion publique».

La suspension de l'accréditation du bureau de Reuters en Iran sera maintenue «jusqu'à examen complet de cette affaire», a-t-il précisé.

Les activités des journalistes et des médias étrangers en Iran sont étroitement surveillées par les autorités.