La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a défendu samedi à Ryad devant ses homologues des monarchies arabes du Golfe l'idée d'un bouclier de missiles de défense face à l'Iran et exprimé le désir de travailler avec eux pour mettre fin aux violences en Syrie.

Dans un discours devant la première réunion du forum de sécurité réunissant les États-Unis et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Mme Clinton a souligné «l'engagement solide et inébranlable» de son pays envers l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït, des pays sunnites profondément inquiets par rapport à leur voisin iranien chiite.

La secrétaire d'État a souligné les inquiétudes des États-Unis face à l'Iran et l'importance de ses entretiens avec ses homologues arabes avant une réunion plus large dimanche à Istanbul sur les moyens de stopper la répression du régime du président Bachar al-Assad des manifestations en Syrie.

En prenant part à cette réunion stratégique, Mme Clinton a déplacé la coopération en matière de sécurité avec les pays du CCG du niveau bilatéral à un stade multilatéral.

Elle a ainsi souhaité «des étapes pratiques et spécifiques pour consolider la sécurité mutuelle, comme aider les armées à améliorer la façon dont elles opèrent ensemble, coopérer pour sécuriser les lignes maritimes et en matière de missiles de défense et coordonner les réponses aux crises».

Des responsables américains ont souligné avoir pour priorité de construire un système régional de missiles de défense face à ce qu'ils considèrent comme une menace balistique de l'Iran.

Mme Clinton a souligné son désir de «discuter un large éventail de questions stratégiques incluant les moyens d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et de limiter ses ingérences dans les affaires de ses voisins».

Les pays occidentaux soupçonnent le programme nucléaire iranien de cacher un volet militaire, ce que dément l'Iran en insistant sur son caractère pacifique.

Le chef du Commandement central américain James Mattis a mis en garde récemment contre le soutien apporté par l'Iran aux rebelles chiites dans le nord du Yémen et ses tentatives d'«influencer les tribus» autres que ces rebelles.

Le Yémen est un voisin immédiat des pays du CCG.

Les États-Unis soupçonnent également l'Iran d'envoyer des armes au régime syrien pour l'aider à continuer à réprimer les manifestations qui ont fait, selon les Nations unies, plus de 9000 morts depuis mars 2011.

Mme Clinton a à ce propos souhaité évoquer avec ses homologues du Golfe les moyens de mettre fin à l'«effusion de sang en Syrie, soutenir le transitions politiques dans les pays de l'Afrique du nord et de la région et intégrer totalement l'Irak à cette même région».

Selon un responsable du département d'État, Mme Clinton a évoqué dans ses entretiens vendredi avec le roi Abdallah et le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-fayçal le renforcement des sanctions contre l'Iran.

«Ils ont parlé du maintien du flux du pétrole et le rôle essentiel que l'Arabie saoudite peut jouer dans ce domaine», a-t-il déclaré.

L'Arabie, premier exportateur mondial de pétrole, est sous la pression des Occidentaux pour augmenter sa production afin de compenser les achats de pétrole iranien des pays européens qui doivent cesser en juin dans le cadre du renforcement des sanctions.

Elle a aussi évoqué avec les responsables saoudiens l'envoi d'une aide humanitaire en Syrie et les efforts pour conduire l'opposition syrienne à présenter une vision unie pour l'avenir.

Pendant une partie de leur réunion de Ryad, les chefs de diplomatie du Golfe doivent préparer leur participation à la réunion des «Amis de la Syrie» prévue dimanche en Turquie avec la participation de Mme Clinton.