Le nombre des exécutions comptabilisées dans le monde a augmenté en 2011 pour s'établir à 676, principalement à cause de l'Iran, indique l'ONG Amnesty International dans son rapport annuel sur la peine de mort publié mardi, un chiffre qui n'inclut toutefois pas la Chine.

La Chine continue à procéder à «des milliers» d'exécutions de condamnés à mort selon Amnesty, qui ne donne pas d'évaluaton précise, les autorités chinoises gardant le chiffre secret.

Si le nombre des pays ayant recours à la peine capitale diminue (20 pays sur 198 ont procédé à des exécutions en 2011, contre 23 en 2010 et 31 il y a dix ans), en revanche le nombre total des exécutions enregistrées dans le monde a augmenté de 149 entre 2010 et 2011.

«L'augmentation est due en grande partie à une hausse significative des exécutions judiciaires en Iran, en Irak et en Arabie Saoudite», souligne Amnesty dans ce rapport.

L'Iran représente à lui seul plus de la moitié du bilan mondial : au moins 360 personnes y ont été exécutées (+108 par rapport à 2010), les trois quarts pour des délits liés à la drogue. L'Arabie Saoudite a exécuté au moins 82 condamnés à mort (+55), l'Irak au moins 68.

Selon l'ONG, le chiffre réel des exécutions en Iran pourrait en réalité être deux fois plus important, d'après des «informations crédibles» faisant état de 274 exécutions supplémentaires, non confirmées officiellement.

Au moins trois des personnes exécutées en Iran étaient âgées de moins de 18 ans au moment où elles ont commis les actes pour lesquels elles ont été condamnées à mort.

En Iran, les personnes exécutées avaient notamment été reconnues coupables d'adultère, de sodomie, d'apostasie, d'«hostilité à l'égard de Dieu». D'autres étaient accusées de blasphème au Pakistan, sorcellerie en Arabie Saoudite, trafic d'ossements humains en République démocratique du Congo, selon Amnesty.

A la fin 2011, 18 750 personnes étaient sous le coup d'une condamnation à mort.

«La grande majorité des pays ont arrêté d'avoir recours à la peine de mort», a souligné le secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty.

Avec 43 exécutions (soit trois de moins qu'en 2010), les États-Unis ont été le seul pays du G8 (qui comprend également le Japon, le Canada, l'Allemagne, la France, l'Italie, le Royaume-Uni et la Russie) à appliquer la peine de mort. Pour la première fois en 19 ans, le Japon n'a procédé à aucune exécution de condamné .

Dans le monde, 96 pays ont aboli la peine de mort, neuf autres l'ont abolie pour les délits ordinaires, 35 peuvent être considérés comme de facto abolitionnistes puisqu'ils n'ont procédé à aucune exécution ces dix dernières années.

La Chine a supprimé la peine de mort pour 13 types d'actes de «criminalité en col blanc», mais le nombre des exécutions y est toujours bien supérieur au bilan dans le reste du monde. Amnesty a appelé Pékin à rendre publiques les données sur les condamnations à mort et les exécutions.

Des exécutions publiques ont eu lieu en Iran, Arabie Saoudite, Corée du Nord et Somalie.

Les méthodes utilisées pour exécuter les condamnés à mort ont été la décapitation, la pendaison, l'injection de substances mortelles et les coups de feu.

Le printemps arabe a bouleversé le paysage politique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais les espoirs de voir des changements «doivent encore se concrétiser», selon Amnesty.

«Même dans le petit groupe de pays qui ont procédé à des exécutions en 2011, nous pouvons observer de légers progrès. Il s'agit de petits pas en avant, mais on a vu dans le passé que ce genre de mesures conduisaient progressivement à la fin de la peine de mort», note encore Salil Shetty.