Une série d'attentats coordonnés en Irak a fait au moins 50 morts mardi, jour du 9e anniversaire de l'invasion américaine, jetant une ombre sur les préparatifs du sommet de la Ligue arabe prévu à la fin du mois à Bagdad.

Les attaques, qui ont fait plus de 255 blessés, n'ont pas encore été revendiquées mais portent, selon un général irakien, la marque d'Al-Qaïda. Près de 20 villes ont été touchées par ces attentats, dont la plupart ont été perpétrés entre 00h00 et 02h00.

Dans la ville sainte chiite de Kerbala (110 km au sud de Bagdad), deux bombes ont explosé à l'entrée de la ville, a indiqué le porte-parole des services de santé de la province, Jamal Mehdi. Le bilan est de 13 morts, dont 5 pèlerins iraniens, et 30 blessés.

A Kirkouk (240 km au nord de Bagdad), une voiture piégée a explosé près d'un bâtiment de police, faisant 13 morts, tous des policiers, et 50 blessés.

Selon le chef de la police de Kirkouk, le major général Taher Baker, le véhicule était conduit par un kamikaze. «C'est Al-Qaïda qui a fait ça car la plupart de leurs chefs ont été arrêtés» récemment, a-t-il estimé.

Deux voitures piégées ont également explosé à Bagdad, dont l'une dans un parking proche du ministère des Affaires étrangères, qui a fait au moins trois morts et quatre blessés, ont indiqué deux sources officielles sous couvert de l'anonymat.

L'autre voiture piégée, conduite par un kamikaze, a explosé dans le centre-ville, faisant quatre morts et huit blessés.

Trois policiers ont par ailleurs été tués par des inconnus munis d'armes à silencieux devant l'église orthodoxe Saint-Thomas dans l'ouest de Bagdad.

Un membre de la minorité shabak, une secte ésotérique issue du chiisme, a été tué par des hommes armés à Mossoul (nord), selon la police.

Et une bombe magnétique a explosé contre la voiture d'un membre des Sahwa, une milice anti-Qaïda, le tuant dans une localité à l'est de Baqouba, selon la police.

Ces violences sont les plus meurtrières depuis le 14 janvier, quand 53 personnes avait été tuées près de Bassora (sud) dans un attentat suicide contre des pèlerins chiites.

Elles interviennent le jour du 9e anniversaire de l'invasion américaine et à neuf jours d'un sommet de la Ligue arabe à Bagdad.

Les autorités espèrent accueillir lors de ce sommet, le premier en Irak depuis 1990, plusieurs chefs d'Etat et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Elles avaient prévenu qu'Al-Qaïda allait tenter de «semer le chaos» à cette occasion. Des mesures exceptionnelles ont été mises en oeuvre et des milliers d'hommes mobilisés pour assurer la sécurité de la rencontre.

Le porte-parole du gouvernement, Ali al-Dabbagh, a annoncé après les attentats que la période du 25 mars au 1er avril serait fériée en Irak, espérant ainsi limiter les encombrements et faciliter la tenue du sommet.

Le président du Parlement Ossama al-Noujaifi a dénoncé une tentative de faire échouer le sommet et de «maintenir l'Irak dans la violence».

Les Etats-Unis ont condamné les attentats, estimant qu'il s'agissait d'une tentative de la part d'extrémistes de saper les progrès effectués par les Irakiens. Le secrétaire d'Etat britannique Alistair Burt les a qualifiés de «lâches».

L'envoyé spécial des Nations unies en Irak, Martin Kobler, a fustigé «des crimes atroces» et demandé aux Irakiens de «rester fermes face à ces tentatives de fragiliser un Irak stable et pacifique».

La Syrie y a vu elle la même «main meurtrière» que celle derrière les récents attentats à Damas et à Alep (nord).

Les violences en Irak ont nettement diminué ces dernières années après le pic atteint en 2006 et 2007, mais n'ont jamais cessé. Selon les chiffres officiels, 150 personnes ont été tuées en février, après 151 en janvier.

L'Etat islamique en Irak (ISI), ombrelle de groupes affiliés à Al-Qaïda, a revendiqué des dizaines d'attentats meurtriers depuis le début de l'année.