Un Américain a été abattu par balle dimanche à Taëz, au sud de la capitale du Yémen, un meurtre revendiqué par Al-Qaïda, qui cherche à profiter des troubles politiques dans le pays pour accroître son influence.

L'Américain, dont l'identité n'a pas été révélée, était depuis deux ans adjoint au directeur du Centre international de formation et de développement international, un établissement d'enseignement de langues et d'aide au développement

Selon des sources de sécurité, il a été tué par des hommes en tenue militaire et circulant à moto. L'un de deux hommes a ouvert le feu sur lui alors qu'il roulait en voiture dans la zone de Sena, sur une route périphérique de Taëz, à 270 km au sud de la capitale.

L'ambassade américaine à Sanaa, contactée par l'AFP, a dit n'avoir aucune information sur cette attaque, dont elle vérifiait la véracité.

Peu après, les «Partisans de la Charia», un groupe lié à Al-Qaïda, a revendiqué le meurtre de l'Américain, qualifié de «missionnaire».

«Les moujahidine ont tué ce matin l'un des missionnaires américains» à Taëz «en réaction à la campagne d'évangélisation menée par l'Occident des musulmans», affirment les «Partisans de la Charia» dans un communiqué transmis par SMS et confirmé à l'AFP par une source proche du groupe.

Ce groupe est très actif dans le sud et le sud-est du Yémen, où il contrôle Zinjibar, capitale de la province d'Abyane, conquise en mai 2011, ainsi que plusieurs autres localités de cette province et de la province voisine de Chabwa.

Dans une déclaration publiée sur le site du ministère de la Défense 26sep.net, chef de la police de Taëz, le général Ali Saïdi a assuré que les forces de sécurité recherchaient «les auteurs de ce lâche acte terroriste pour les traduire en justice».

Cette attaque meurtrière visant un étranger a choqué la population à Taëz, une ville relativement épargnée par les actions violentes des groupes islamistes extrémistes, dont Al-Qaïda.

«Nous sommes surpris par ce meurtre», a déclaré un habitant à l'AFP.

«C'est la conséquence du désordre sécuritaire qui règne dans la ville en raison des divergences entre les différents centres de décision dans le pays», a estimé un autre habitant en référence à la difficile transition en cours au Yémen après le départ du pouvoir de l'ancien président Ali Abdallah Saleh.

L'attaque de dimanche intervient deux jours après l'annonce de l'enlèvement d'une Suissesse mercredi à son domicile à Hodeïda (ouest), sur la mer Rouge, où elle travaille comme enseignante pour un institut de langues.

Selon le ministère de l'Intérieur, la femme enlevée a été conduite par ses ravisseurs à Chabwa (sud-est). Pour sa libération, les ravisseurs «réclament la libération de deux partisans d'Al-Qaïda détenus à Hodeïda», a précisé vendredi à l'AFP un responsable local en accusant le réseau extrémiste du rapt.

Le Yémen est le théâtre de fréquents enlèvements d'étrangers par les tribus fortement armées qui font la loi dans plusieurs régions du pays. En général, elles ont recours aux rapts pour faire aboutir leurs revendications auprès des autorités.

Ces dernières tentent toujours de reprendre la main dans les zones concernées. Dimanche avant l'aube, 16 membres présumés des «Partisans de la Charia» ont été tués dans un bombardement de leurs positions près de Zinjibar, a affirmé un responsable local.

L'aviation yéménite a également lancé des raids sur des positions du groupe dans les environs de Jaar, près de Zinjibar, a ajouté ce responsable sans être en mesure de fournir un bilan.