L'armée américaine a indiqué jeudi avoir échappé à une tentative d'attentat la veille lors de l'arrivée du secrétaire à la Défense Leon Panetta sur une base militaire britannique du sud de l'Afghanistan, un incident qui éclipse le reste de sa visite dans le pays.

L'incident a eu lieu dans le Helmand, une province très infiltrée par la rébellion menée par les talibans, qui avaient juré quelques jours plus tôt de venger le massacre de 16 civils dimanche dernier par un soldat américain.

Il a coûté la vie à l'assaillant, un traducteur afghan de la base, et blessé un soldat britannique qui tentait de l'arrêter, selon l'armée américaine.

Alors que l'avion du secrétaire américain à la Défense atterrissait sur le tarmac, un traducteur afghan qui avait volé une camionnette de la base a tenté de foncer «sur un groupe de soldats rassemblés pour accueillir M. Panetta à sa descente de l'avion», a déclaré jeudi matin un responsable américain, sous couvert d'anonymat, à la presse à Kaboul.

Un autre officier américain, le général Mike Scaparotti, avait auparavant indiqué que le traducteur «avait des intentions hostiles».

Le véhicule, qui transportait de l'essence et filait à grande vitesse, a terminé sa course dans un fossé et s'est enflammé. Le conducteur a succombé jeudi à ses brûlures, selon l'armée américaine, qui a précisé que le véhicule ne transportait ni arme ni explosifs.

M. Panetta et son équipe n'ont «à aucun moment été mis en danger par cet incident», avait indiqué mercredi la force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF).

Après avoir rencontré des troupes américaines et des responsables afghans mercredi dans le sud, M. Panetta a gagné Kaboul, où il devait rencontrer jeudi le président Hamid Karzaï.

Sa visite vise notamment à rassurer le gouvernement afghan, soutenu par les Occidentaux depuis dix ans, après une série d'incidents impliquant des soldats américains (massacre de 16 civils dimanche, incinération de Corans...) qui ont largement attisé la colère du gouvernement afghan et de la population.

«Chacun de ces événements est profondément inquiétant», a jugé mercredi M. Panetta à propos de la tuerie de dimanche dans le sud et de l'affaire des Corans brûlés en février au nord de Kaboul, un acte jugé blasphématoire qui a provoqué une série de violentes manifestations (plus de 40 morts) dans le pays.

Mais «nous n'allons pas laisser des actes individuels saper notre détermination» dans la guerre menée par l'ISAF, dirigée par les États-Unis, contre les rebelles talibans, a-t-il poursuivi.

Le sous-officier américain qui a avoué l'assassinat des 16 civils afghans, selon M. Panetta, a été transféré hors d'Afghanistan, a affirmé mercredi un porte-parole du Pentagone, sans préciser sa destination.

Au lendemain du massacre, un acte isolé aux raisons encore inexpliquées selon Washington, les talibans avaient juré de venger la mort de chacune des victimes. Deux autres attaques, qui ont tué neuf personnes, ont eu lieu mercredi dans le sud, l'un des principaux bastions des rebelles.

Les récents drames impliquant des soldats américains compliquent les négociations, déjà difficiles, en cours entre Washington et Kaboul sur les modalités de la présence américaine en Afghanistan après 2014, date à laquelle l'ISAF prévoit d'avoir retiré l'ensemble de ses troupes de combats du pays et de transférer la responsabilité de sa sécurité aux forces afghanes.

L'absence de victoire militaire probante face aux talibans et la multiplication des incidents récemment ont conduit des dirigeants occidentaux à évoquer la possibilité d'un retrait anticipé.

Mercredi à Washington, le président américain Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron, qui fournissent à l'ISAF ses deux plus gros contingents, ont toutefois promis de maintenir le cap fixé en Afghanistan.