Le président américain Barack Obama a mis en garde lundi contre tout retrait «précipité» des troupes d'Afghanistan, alors que l'assassinat ce week-end de 16 civils afghans par un soldat américain a soulevé des interrogations sur la stratégie de Washington dans le pays.

«Il est important pour nous d'assurer un retrait (du pays) de manière responsable pour que nous n'ayons pas ensuite à devoir y revenir», a déclaré M. Obama dans une interview sur la chaîne KDKA à Pittsburgh où il était en déplacement. «Ce que nous ne voulons pas, c'est un retrait précipité» d'Afghanistan, a-t-il ajouté.

Le président a estimé que la tuerie de civils afghans, qui a aussi visé des femmes et des enfants, est «absolument bouleversante et tragique», avant de souligner qu'un retrait d'Afghanistan impliquant des dizaines de milliers de troupes devait être fait de façon responsable.

«Nous avons des centaines de conseillers sur place dans des zones civiles, nous avons des montants énormes d'équipement qui doivent être retirés (du pays). Nous devons nous assurer que les Afghans seront en mesure de sécuriser leurs frontières pour éviter qu'Al-Qaïda ne se propage à l'extérieur», a-t-il insisté.

Peu avant, la Maison-Blanche avait assuré que la stratégie de Washington en Afghanistan ne changerait pas après ce massacre de civils et promis que justice serait faite concernant cet acte «abominable».

«Nos objectifs stratégiques n'ont pas changé et ils ne changeront pas», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney, précisant que Washington entendait vaincre Al-Qaïda et entraîner les Afghans pour qu'ils assurent leur propre sécurité.

«C'est un moment difficile, c'est évident», a reconnu M. Carney, au sujet de la tuerie qui intervient quelques semaines seulement après l'incinération de Corans par des soldats américains, un acte ayant déclenché une vague de manifestations anti-américaines violentes (près de 40 morts) dans le pays.

«Mais je ne crois pas que cet incident va changer le calendrier de notre stratégie, qui a été conçue et mis en place pour permettre le retrait des troupes américaines (d'ici fin 2014, ndlr) et transférer la sécurité aux Afghans», a ajouté M. Carney.

«Les discussions sur le rythme de ce retrait sont en cours et le sujet sera certainement abordé par les chefs d'Etat lors de la réunion de l'OTAN à Chicago en mai», a expliqué le porte-parole.

Dimanche avant l'aube, un soldat du contingent américain de la force internationale de l'OTAN a quitté sa base de la province de Kandahar lourdement armé et a abattu les occupants de trois maisons de villages alentours, dont neuf enfants et trois femmes, avant de brûler leurs corps.

«Je suis choquée et attristée par le meurtre de villageois innocents en Afghanistan», a également réagi lundi la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton lors d'une conférence de presse à New York, en marge d'une réunion à l'ONU consacrée au Printemps arabe.

«Je ne peux même pas imaginer l'impact de cette attaque sur les familles, la perte d'un enfant», a-t-elle dit. «Mais cet incident terrible ne change pas notre dévouement à protéger le peuple afghan et à faire tout ce que nous pouvons pour construire un Afghanistan stable».

Cet acte «abominable (...) ne reflète pas ce que nous sommes», a insisté la chef de la diplomatie américaine, assurant que les États-Unis étaient «déterminés à voir ceux qui en sont responsables rendre des comptes».

Le général John Allen, commandant les forces de l'OTAN en Afghanistan, a de son côté promis «une enquête minutieuse», assurant que l'auteur des faits «devra rendre des comptes».

«Notre relation (avec les Afghans, ndlr) est trop profonde, elle dure depuis trop longtemps et nous avons tous déjà trop sacrifié pour que ce seul incident la mette à bas», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision CNN.