Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a déclaré dimanche qu'Israël prendrait sur le dossier iranien ses décisions en tant qu'«État indépendant», à la veille d'une rencontre entre le premier ministre israélien et le président américain Obama.

«Bien entendu les États-Unis sont la plus grande puissance mondiale et le plus grand et plus important pays ami d'Israël, mais nous sommes un État indépendant et au bout du compte, l'État d'Israël prendra les décisions les plus appropriées à sa propre évaluation de la situation», a déclaré M. Lieberman, dans une interview à la radio publique israélienne.

«Le dossier iranien est connu (...) la direction prise par l'Iran est claire. Il faut prendre des décisions dans le calme, en pesant bien le pour et le contre. Tous ces bavardages ne réussissent à personne», a ajouté M. Lieberman.

Ce dernier faisait allusion aux spéculations sur une éventuelle opération militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. Ces dernières semaines, Israël a soufflé le chaud et le froid sur la possibilité de mener des bombardements destinés à paralyser le programme nucléaire iranien qu'il soupçonne d'être destiné à des fins militaires, et pas civiles comme l'affirme Téhéran.

«Si la communauté internationale est incapable d'arrêter les massacres en Syrie, quelle est la valeur de ses promesses d'assurer la sécurité d'Israël», s'est interrogé M. Lieberman.

Laissant lui aussi entendre qu'Israël pourrait agir seul contre l'Iran, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a déclaré vendredi vouloir «préserver la liberté d'Israël», au premier jour d'une visite au Canada qui précède sa rencontre très attendue avec M.Obama.

Selon Israël Ziv, un ancien général de l'armée israélienne, le premier ministre israélien va demander une promesse d'opération militaire américaine contre l'Iran ou bien un accord tacite pour une attaque israélienne.

«Nétanyahou peut essayer d'obtenir d'Obama la promesse que les États-Unis envisageront une action spectaculaire après les élections», écrit le général Ziv dans le quotidien Maariv.

«Il peut obtenir l'accord des Américains pour accroître les pressions politiques et même menacer directement Téhéran. Il peut peut-être extirper un vague communiqué (américain) aux termes duquel en cas d'opération indépendante d'Israël, Washington ne protestera pas. Mais c'est tout», argumente-t-il.

Mais pour la correspondante du Maariv aux États-Unis, Orly Azoulay, «Israël n'acceptera pas de s'engager à ne pas mener d'action militaire contre l'Iran».

Les États-Unis et les Européens pressent Israël de ne pas attaquer l'Iran et de donner une chance aux sanctions internationales censées contraindre Téhéran à renoncer à son programme nucléaire.

Le président américain va tenter lundi à la fois de rassurer Benyamin Nétanyahou sur le soutien des États-Unis à Israël face à l'Iran et de le dissuader de lancer une opération militaire contre le programme nucléaire de ce pays.

M. Nétanyahou, qui entretient des relations notoirement tendues avec M. Obama, doit aussi s'exprimer le même jour devant l'Aipac (American Israel Public Affairs Committee), la principale association pro-israélienne aux États-Unis.