Une équipe de hockey rassemblant des jeunes juifs et arabes dans un coin isolé du nord d'Israël a permis, contre toutes attentes, de briser les barrières de langue, de culture et de conflit.

La formation d'une telle équipe mixte de hockey junior à Metulla aurait été impensable il y a quelques années dans cette région du monde. Au Proche-Orient, le hockey sur glace est quasi-inexistant, et les relations entre juifs et arabes cohabitant à la frontière avec le Liban et la Syrie sont des plus tendues.

L'équipe a malgré tout pris son envol et voyagera même au Canada en mars, grâce aux efforts réunis de généreux donateurs, à l'admiration d'un Israélien pour le hockey et à un maire arabe ne jurant que par le sport.

Agriculteur à Metulla et fervent adepte de hockey, Levav Weinberg s'est lancé dans la mise sur pied de l'école de hockey israélo-canadienne il y a deux ans avec le soutien financier d'un philanthrope canadien et juif, Sydney Greenberg. Il a fourni les fonds pour l'entraîneur, l'équipement, les uniformes et le temps de location de l'aréna, dans l'espoir de faire aimer le sport hivernal à la population israélienne.

M. Greenberg assumera les frais d'un séjour de dix jours au Canada pour ses protégés. Ils assisteront à des parties des Maple Leafs de Toronto et des Sénateurs d'Ottawa, rencontreront certains joueurs, en plus de participer à des séances d'entraînement et d'affronter d'autres équipes sur la glace.

Les jeunes sportifs oublient qu'ils sont arabes ou juifs lorsqu'ils jouent ensemble, affirme le jeune Mayyas Sabag, âgé de 12 ans. Il est l'un des cinq Arabes à jouer dans l'équipe, qui compte 14 apprentis hockeyeurs.

L'équipe a vu le jour au Canada Centre de Metulla il y a environ un an et demi, un complexe sportif construit dans la ville rurale avec les dons de Canadiens juifs dans les années 1990. L'édifice abrite par ailleurs la seule patinoire de taille olympique en Israël.

Les cinq Arabes israéliens de l'équipe, deux filles et trois garçons, ont précisé qu'ils n'avaient jamais rencontré de Juifs avant de commencer à jouer au hockey. Les Juifs ont déclaré la même chose à propos des Arabes. Ces derniers ont par ailleurs appris des bases d'hébreu avec leurs coéquipiers juifs.

L'entraîneur, les parents et les commanditaires reconnaissent tous que le projet n'est qu'une goutte d'eau dans le processus de paix pour la région. Et bien que plusieurs joueurs aient déclaré qu'ils n'étaient pas des amis proches, ils ont souligné que les entraînements avaient permis de changer leur vision de l'autre.

Le maire de Majdal Chams, Dolan Abu-Saleh, qui a un fort penchant pour les sports, a multiplié les incitatifs pour convaincre les familles arabes d'inscrire leurs enfants à l'école, notamment en promettant un service gratuit de navette jusqu'à Metulla, à quelques kilomètres de là.

Au total, plus de 200 enfants juifs sont inscrits à l'école, en plus d'environ 120 arabes.

La direction de l'école maintient une séparation entre les élèves juifs et arabes dans les classe, tentant plutôt de construire une relation de confiance sur la glace avant de les présenter les uns aux autres. Mais dès lors qu'ils maîtrisent suffisamment l'art du hockey, les jeunes sont placés dans des équipes mixtes.