Les Iraniens ont commencé à voter vendredi pour renouveler les 290 députés d'un Parlement qui devrait rester dominé par les conservateurs au pouvoir, l'opposition réformatrice boudant le scrutin pour protester contre la répression dont elle a été victime depuis 2009.        

Bien que le résultat semble joué d'avance, le pouvoir a appelé les 48 millions d'électeurs iraniens à se rendre massivement aux urnes pour marquer leur soutien au régime, confronté à de sévères sanctions internationales et à une menace militaire d'Israël contre son programme nucléaire controversé.

«Il y a eu ces derniers temps beaucoup de propagande et de pression contre l'Iran», et «plus les gens voteront, mieux ce sera pour l'avenir, le prestige et la sécurité du pays», a souligné vendredi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, en mettant son bulletin dans l'urne dès l'ouverture du scrutin.

L'Iran, dont le programme nucléaire a été condamné par six résolutions de l'ONU, est depuis deux ans sous le coup d'un embargo commercial, financier et désormais pétrolier des Occidentaux qui commence à peser sur l'économie du pays.

Téhéran, malgré ses démentis répétés, est soupçonné par la communauté internationale de vouloir se doter de l'arme atomique, et Israël, dont le régime iranien a juré la disparition, a multiplié ces derniers mois les menaces de frappes militaires contre les sites nucléaires iraniens.

Avant le scrutin, le président Mahmoud Ahmadinejad a appelé à la mobilisation pour «donner un Parlement fort et populaire» au pays, tandis que le ministre de la Défense Ahmad Vahidi a souligné que «plus la participation sera élevée et plus la sécurité du pays sera renforcée».

La participation aux législatives oscille traditionnellement entre 50% et 70%, et avait été de 55,4% lors des dernières élections en 2008, selon les chiffres officiels.

En l'absence de sondages fiables, plusieurs responsables ont pronostiqué une participation supérieure à 60%.

Le porte-parole du Conseil des gardiens, qui supervise les élections, a affirmé que la participation était en fin de matinée «supérieure de 10%» à celle enregistrée à la même heure lors des législatives de 2008.

Dans la matinée, l'affluence était inégale selon les bureaux de vote de Téhéran visités par l'AFP. De nombreux électeurs de tous âges, majoritairement favorables aux conservateurs, affirmaient être venus voter pour «participer à l'édification du pays», et dans l'espoir que le nouveau Parlement s'attaquerait aux problèmes, jugés prioritaires par tous, de l'inflation et du chômage.

Une participation massive est d'autant plus importante pour le régime que la plupart des mouvements d'opposition réformatrice ont décidé de boycotter le scrutin pour protester contre la répression sévère dont ils ont été victimes depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009.

De nombreuses figures réformatrices sont en prison, en résidence surveillée ou réduites au silence, et les deux principaux mouvements réformateurs ont été interdits après les manifestations massives de protestation ayant suivi la présidentielle de 2009, qui ont plongé la République islamique dans l'une des plus graves crises politiques de son histoire.

Le chef de la police, le général Esmaïl Moghaddam, a assuré avant le scrutin que toutes les mesures avaient été prises pour que l'élection de vendredi se déroule sans incident ni manifestation d'opposition.

Le responsable de la sécurité de la province de Téhéran, Mohamad Mehdi Bayrambegi, a toutefois annoncé en milieu de journée que dix personnes «en contact avec des éléments étrangers et venant de l'extérieur du pays» avaient été arrêtées alors qu'elles préparaient des «actions de sabotage». Il n'a donné aucune autre précision.

Rappelant toutes les restrictions apportées aux libertés politiques en Iran, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé pour sa part un scrutin biaisé et «injuste», notamment en raison de la sélection par le régime des quelque 3400 candidats autorisés à briguer les suffrages des électeurs.

La bataille électorale va essentiellement se jouer entre des conservateurs divisés au sein d'une nébuleuse de coalitions de circonstance aux programmes très flous.

Les résultats devraient être connus dans un délai de deux ou trois jours, a indiqué le ministère de l'Intérieur.