Les talibans ont tué neuf Afghans dans un attentat-suicide visant une base de l'OTAN en représailles à l'incinération de Corans par des militaires américains il y a une semaine, lundi ayant été la première journée sans émeute en Afghanistan depuis que le scandale a éclaté.

Peu après l'aube, un kamikaze a fait exploser une voiture piégée devant l'entrée principale de l'aéroport de Jalalabad (est), qui abrite l'une des bases militaires aériennes les plus importantes de la force internationale de l'OTAN (ISAF). «Six civils sont morts, ainsi que deux gardes et un soldat de l'armée afghane», a déclaré à l'AFP Abdullah Azem Stanikzaï, le chef de la police de la province de Nangarhar, dont Jalalabad est la capitale.

Les talibans ont immédiatement revendiqué cette attaque, perpétrée en «réponse à l'incinération du Coran» dans la base américaine de Bagram (nord) il y a une semaine.

L'attentat n'a pas fait de victimes parmi les soldats étrangers de la base de Jalalabad, dirigée par l'armée américaine, selon l'ISAF.

«Les bâtiments de l'ISAF n'ont pas été touchés par l'explosion», a déclaré un porte-parole de la force.

L'aéroport de Jalalabad, protégé par un impressionnant dispositif de sécurité des forces américaines, est régulièrement attaqué par les insurgés. L'attaque menée lundi est la quatrième depuis juin 2010.

L'attentat a assombri une journée durant laquelle, pour la première fois depuis que les Corans ont été brûlés à Bagram, aucune émeute anti-américaine n'a été observée dans le pays, au lendemain d'un appel au calme du président Hamid Karzaï, qui a par ailleurs une nouvelle fois «fermement condamné» l'incinération des exemplaires du livre sacré des musulmans.

Au Caire, le grand imam d'Al-Azhar, la plus haute institution de l'islam sunnite, a vivement dénoncé l'incinération «barbare». «Al-Azhar n'accepte pas qu'on badine avec les exemplaires du Coran», a lancé Ahmed al-Tayyeb dans un communiqué.

«Il s'agit d'une transgression qu'aucun musulman n'acceptera. C'est une agression contre les choses sacrées du patrimoine humain», a-t-il ajouté, en demandant à la «force militaire (auteure de) l'agression là-bas de partir maintenant de la terre afghane».

Trente personnes, dont deux soldats de l'OTAN, sont mortes et au moins 200 autres ont été blessées dans les manifestations de ces six derniers jours dans des émeutes, attaques ou attentats anti-américains.

Dimanche, sept soldats américains des forces spéciales avaient ainsi été blessés quand des manifestants avaient jeté une grenade sur une base de l'OTAN de la province de Kunduz (nord), où la veille 5 personnes avaient péri et 66 avaient été blessées, dont 11 policiers, dans l'attaque d'un camp de l'ONU.

La mission de l'ONU en Afghanistan (UNAMA) a annoncé lundi l'évacuation temporaire du personnel de ce camp, le temps que des «mesures supplémentaires» soient mises en oeuvre pour la sécurité de ses bureaux.

La «relocalisation temporaire» du personnel «se fera en Afghanistan» a indiqué le service de presse de l'UNAMA dans un communiqué, précisant que le bureau continuerait à oeuvrer dans la zone «pour les gens qui en ont le plus besoin».

Lundi, l'ISAF a annoncé avoir diligenté une enquête après que des «traces d'eau de Javel» eurent été découvertes dans le café et dans des fruits distribués dans une base de l'ISAF de la province de Nangarhar (est), a expliqué le sergent-chef Nicholas Conner.

«Il n'y a pas eu de blessé, pas de victime. L'enquête se poursuit», a déclaré le militaire à l'AFP.

Les rebelles, qui mènent une guérilla depuis dix ans contre les troupes gouvernementales et de l'OTAN, ces dernières les ayant chassés du pouvoir fin 2001, ont affirmé lundi qu'un «cuisinier afghan» avait empoisonné de la nourriture de l'OTAN.