Le nouveau président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a prêté serment samedi, est un militaire de carrière originaire du sud du pays, sans grande envergure politique mais qui s'est révélé un homme de consensus.

M. Hadi, qui était vice-président, a été élu par 99,8% des voix et sera officiellement investi lundi dans ses fonctions. Il était le seul candidat pour succéder à Ali Abdallah Saleh, dans le cadre d'un accord de transition élaboré par les monarchies du Golfe.

Ce personnage discret, qui ne dispose pas d'un réel pouvoir selon les milieux politiques, a gagné durant l'absence de M. Saleh -d'abord hospitalisé à Ryad puis soigné aux Etats-Unis après une attaque contre son palais- le respect de l'ensemble des parties, dont l'opposition.

M. Hadi était vice-président depuis 1994 et également secrétaire général du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir). Originaire du Sud, il avait rejoint le camp des nordistes dès 1986, quatre ans avant l'unification des deux Yémen, en raison des sanglants règlements de compte entre dirigeants sudistes.

M. Hadi est né le 1er mai 1945 dans le village du Dhakin, dans la province sudiste d'Abyane -où le réseau d'Al-Qaïda est aujourd'hui fortement implanté.

Diplômé de l'école d'officiers du Yémen du Sud en 1964, il a suivi un cycle de formation militaire au Royaume-Uni puis une formation spécialisée dans les armes blindées au Caire jusqu'en 1970.

Il n'a pas joué de rôle particulier dans la lutte pour l'indépendance du Yémen du Sud, qui a abouti au départ des Britanniques en 1967.

Il a continué à gravir les échelons au sein de l'armée sous la République démocratique et populaire du Yémen, seul Etat marxiste arabe, qui avait des liens étroits avec l'Union soviétique.

En 1976, il est parti dans ce pays pour suivre quatre années de formation de commandement. Plus tard, il a siégé dans des commissions d'achat d'armes avec l'ex-URSS.

Le 13 janvier 1986, une bataille meurtrière éclate à Aden entre dirigeants du Parti socialiste yéménite (PSY, parti unique du Yémen du sud), poussant le président Ali Nasser Mohammed à se réfugier au Yémen du Nord, déjà dirigé par M. Saleh, en compagnie d'une partie de l'armée qui lui est restée fidèle, dont M. Hadi.

Cette date marque le début de la fin du régime marxiste du Yémen du Sud et accélère les pourparlers en vue de l'unification des deux pays, proclamée le 22 mai 1990.

Mais les Sudistes annoncent une sécession en mai 1994. Une sanglante guerre civile s'ensuit, à laquelle M. Hadi prend part, du côté des forces nordistes qui écrasent l'insurrection. Il devient alors ministre de la Défense.

Et le 4 octobre 1994, il est nommé vice-président par M. Saleh.

Marié, M. Hadi est père de deux filles et trois garçons, et auteur d'ouvrages militaires dont l'un porte sur la défense dans les zones de montagne.