Quatre assaillants ont été tués et 56 blessés dans l'attaque d'un complexe de l'ONU à Kunduz (nord), lors de manifestations anti-américaines toujours aussi vives en Afghanistan cinq jours après l'incinération de Corans dans une base militaire américaine.

Un début de matinée plutôt calme a accouché de deux rassemblements violents dans le pays, l'un à Mihtarlam, la capitale du Laghman (est), l'autre à Kunduz, capitale de la province éponyme, qui ont fait au total 4 morts et 71 blessés, un bilan encore provisoire.

Quelque 28 personnes sont désormais décédées et plus d'une centaine d'autres ont été blessées en cinq jours d'émeutes dans le pays, d'après un décompte de l'AFP.

À Kunduz, la manifestation a débuté vers 10h00 (00h30 HNE). D'après plusieurs témoins, les protestataires, dont le nombre n'a cessé d'augmenter, pour atteindre plusieurs milliers, ont commencé par lancer des pierres sur les policiers, une fois parvenus au complexe de l'ONU.

Puis vers midi, ils se se sont enhardis, décidés à entrer dans le petit camp de l'ONU. Les policiers, qui au départ tiraient en l'air pour les effrayer, ont alors visé les manifestants afin de les arrêter.

«Il y a des affrontements entre les manifestants et la police. Les protestataires essaient de rentrer dans le complexe mais la police les a arrêtés», a d'abord indiqué à l'AFP Sarwar Husaini, le porte-parole de la police à Kunduz.

Des renforts, notamment composés de forces spéciales de la police et de militaires, ont ensuite été envoyés pour défendre le complexe. À 14H00 (04H30 HNE), un correspondant de l'AFP a vu la police tirer sur des manifestants, ce que nie M. Husaini, pour qui ce sont au contraire les protestataires qui étaient armés.

«Le bilan que nous avons jusqu'ici des hôpitaux fait état de quatre morts et 56 blessés dans la manifestation du jour», a déclaré à l'AFP Sahad Mokhtar, qui dirige de département de la Santé publique de Kunduz.

Denise Jeanmonod, une porte-parole de la mission de l'ONU en Afghanistan, l'Unama, a «confirmé l'incident», expliquant que l'Unama «évaluait la situation sur place» mais refusait d'en dire plus «pour la sécurité de (ses) salariés» présents sur site, dont le nombre n'est pour l'instant pas connu.

Des colonnes de fumée peuvent être vues dans plusieurs parties de Kunduz, a constaté le correspondant de l'AFP. «Ils ont brûlé plusieurs magasins et voitures dans la ville», a expliqué le porte-parole de la police.

À Mihtarlam, quinze manifestants ont été blessés par balle et emmenés à l'hôpital public de la ville, ont indiqué des cadres de cet établissement à l'AFP. La manifestation s'est depuis achevée, a indiqué une source policière.

D'après Abdullah, un manifestant de la province du Laghman, «près de 2000 personnes» défilaient quand la marche est devenue «violente», des «protestataires jetant des pierres contre le palais du gouverneur» alors que les forces de sécurité on «tiré en retour».

Des rassemblements, pour l'instant relativement pacifiques, de plusieurs centaines de personnes, se sont aussi tenus dans les provinces de Logar, Kunar et Nangarhar (est), Sari Pul (nord), Parwan (centre) Kapisa et Nouristan (nord-est), a déclaré Sediq Sediqqi, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Dans la nuit de lundi à mardi, des exemplaires du Coran, confisqués à des détenus de la prison de la base américaine de Bagram, à 60 km au nord-est de Kaboul, ont été incinérés parce que, selon des responsables à Washington, ils servaient à faire passer des messages entre prisonniers.

Les «excuses les plus sincères» du président américain Barack Obama au peuple afghan et les appels à la «retenue» lancés par des personnalités religieuses ayant enquêté sur les Corans brûlés et l'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan, n'ont visiblement pas été entendus.

Le sentiment antiaméricain n'a jamais été aussi fort dans la population en 10 ans de conflit, au diapason des bavures de l'Otan qui tuent relativement fréquemment des civils et de diverses affaires récentes de profanations ou autres actes jugés blasphématoires à l'égard de l'islam.