Appelés à voter pour la première fois depuis l'élection présidentielle de 2009 qui a donné naissance à un large mouvement de protestation, les Iraniens doivent choisir un nouveau Parlement le 2 mars. Personne ne s'attend à une révolution: le combat dans les bureaux de scrutin se fera entre conservateurs... et conservateurs. Et pourrait se transformer en procès populaire pour le président Mahmoud Ahmadinejad.

Majlis

C'est le nom du Parlement iranien, aussi appelé l'Assemblée consultative islamique. Il est composé de 290 sièges. Chaque député représente une circonscription. Cette assemblée peut mettre de l'avant des projets de loi, mais ses décisions peuvent être bloquées par le Conseil des gardiens, organe composé de 12 juristes nommés par le Guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei. Près de 48 millions d'Iraniens sont éligibles pour les élections parlementaires du 2 mars.

Candidats

N'est pas candidat qui veut aux élections parlementaires iraniennes. Ceux qui veulent se présenter doivent d'abord recevoir l'assentiment du Conseil des gardiens. Pour cette élection, 5395 personnes ont soumis leur nom, mais tout juste 3444 candidats ont été retenus. Le Conseil des gardiens a notamment rayé de la liste 22 députés sortants.

Boycottage

La politique iranienne se divise en deux grands clans, les conservateurs et les réformistes. Les élections de la semaine prochaine sont boycottées par le camp réformiste, qui les juge inutiles, ainsi que par le mouvement vert, qui a manifesté dans les rues iraniennes pendant les huit mois qui ont suivi la réélection d'Ahmadinejad. La principale tête de proue du clan réformiste, Mirhossein Moussavi, a dénoncé les élections par l'entremise de ses proches. Il est assigné à résidence depuis plus d'un an. Des appels à manifester la veille du scrutin ont été lancés par des partisans du mouvement vert.

Partis

Il n'y a pas de partis à proprement parler en Iran, mais à la veille des élections, les candidats choisissent des bannières, toutes conservatrices, mais prêtant allégeance à diverses personnalités politiques. Pour les élections de la semaine prochaine, il y a quatre bannières. Les proches d'Ahmadinejad se présentent sous la bannière de Paidari, ou le Front de la résistance. Les fidèles de l'ayatollah Khamenei sont rassemblés dans le Front uni ou le Motahed. Un groupe d'anciens députés qui s'opposent à Ahmadinejad a créé le bloc de La voix du peuple. Le quatrième groupe, le Front de l'endurance, ou Istadegi, est composé de partisans d'un ancien rival d'Ahmadinejad à l'élection présidentielle. «C'est une bataille tribale, en quelque sorte. Des membres d'un même clan tentent de se diviser le pouvoir», explique Houchang Hassan-Yari, professeur au Collège militaire royal du Canada.

Mahmoud Ahmadinejad

Les élections de la semaine prochaine seront en quelque sorte un référendum pour le président. Profitant de toutes les tribunes pour tenir tête aux gouvernements occidentaux sur la question nucléaire, il sait sa position de plus en plus fragile en Iran, où il a croisé le fer politique à quelques reprises avec l'ayatollah Khamenei. Si les partisans de Khamenei remportent le plus grand nombre de sièges, il est possible que les députés tentent de destituer Ahmadinejad, qu'ils critiquent vertement pour sa gestion de l'économie du pays. L'ayatollah Khamenei a récemment suggéré qu'il pourrait abolir le poste présidentiel.