Une nouvelle vague de violences attribuée à Al-Qaïda a frappé jeudi l'Irak faisant au moins 42 morts, dans ce que le président du Parlement a dénoncé comme une tentative de faire échouer le sommet arabe prévu dans un mois à Bagdad.

Plus de 250 personnes ont été blessées dans ces attentats -au moins 16 voitures piégées, huit bombes, quatre attaques armées et des tirs au mortier. Au total, six provinces ont été touchées: Bagdad, Salaheddine (nord), Diyala (centre), Babylone (centre), Ninive (nord) et Kirkouk (nord).

Selon le ministère de l'Intérieur, ces actes portent la signature d'Al-Qaïda. «L'organisation terroriste Al-Qaïda tente de faire passer le message à ses partisans qu'elle est toujours active sur le sol irakien et qu'elle a la capacité de frapper dans la capitale et les autres villes».

Il s'agit de la plus sanglante série d'attentats depuis le 14 janvier. Un attentat-suicide contre des pèlerins chiites avait fait au moins 53 morts près de Bassora (sud).

La dernière attaque à Bagdad remonte à peine à quatre jours, lorsqu'un attentat-suicide devant l'académie de police avait fait 15 morts, rompant une période de quelques semaines de relative accalmie.

Plusieurs des attaques de jeudi visaient la police. D'autres ont frappé le quartier chiite de Kazimiya à Bagdad ou les provinces majoritairement sunnites de Salaheddine ou Ninive.

C'est à Bagdad que le bilan est le plus lourd avec au moins 22 morts et 69 blessés. Le ministère de l'Intérieur a recensé plusieurs voitures piégées, deux attaques par des hommes armés contre des postes de contrôle de la police et au moins six bombes.

L'Irak doit accueillir le 29 mars un sommet de la Ligue arabe, le premier depuis le début de la vague révolutionnaire qui a bouleversé la région. Cette rencontre, initialement prévue en mars 2011 et repoussée deux fois en raison du Printemps arabe, interviendra en pleine crise en Syrie.

Le sommet doit se tenir dans la «zone verte», secteur ultra-protégé au milieu de la capitale. Il s'agira du premier sommet arabe à Bagdad depuis 1990, mais aussi du premier grand rendez-vous diplomatique pour l'Irak depuis le retrait des dernières troupes américaines de son territoire en décembre 2011.

Le premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a déclaré qu'il souhaitait la participation de la Syrie, bien qu'elle ait été suspendue des travaux de la Ligue arabe en raison de la répression sanglante que le régime de Damas oppose au mouvement de contestation lancé en mars 2011.

En outre, une crise politique paralyse l'Irak depuis le départ des forces américaines et le vice-président Tarek al-Hachémi, sous le coup d'un mandat d'arrêt, est toujours réfugié au Kurdistan irakien.

Le président Jalal Talabani a proposé une «conférence nationale» pour venir à bout du conflit, mais aucune date n'a encore été fixée.

Le président du Parlement, Oussama al-Noujaïfi, a condamné les attentats, estimant qu'ils visaient «à attiser les conflits entre les fils de l'Irak et à faire échouer la tenue du sommet arabe et de la conférence nationale».

Ils «dénotent clairement l'implication de parties étrangères qui tentent d'exporter leurs problèmes internes vers l'Irak», selon lui.

L'ambassade des États-Unis à Bagdad a condamné dans un communiqué des «actes de violence haineux», qu'elle a qualifiés d'«effort désespéré pour saper la société irakienne et ses institutions».

L'envoyé spécial de l'ONU dans le pays, Martin Kobler, a estimé dans un communiqué que la poursuite de ces attaques était «totalement inacceptable».