La justice iranienne a condamné un Américano-Iranien à mort pour espionnage et collaboration avec un pays hostile, en pleine tension entre Téhéran et Washington qui s'est élevé contre cette condamnation.

Ancien Marine de 28 ans né aux États-Unis d'une famille iranienne, Amir Mirzaï Hekmati a été «reconnu coupable de collaboration avec un pays hostile et d'espionnage pour la CIA» et condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, a annoncé l'agence iranienne Fars.

Il a également été reconnu coupable «de tentative d'accuser l'Iran d'être impliqué dans le terrorisme», ajoute Fars. Et le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Abdolghassem Salavati, l'a déclaré «moharab (en guerre contre Dieu) et corrompu sur terre».

Le parquet général a annoncé que le verdict avait été transmis à l'avocat de la défense, et que celui-ci pourrait faire appel, a rapporté l'agence Isna.

La Maison-Blanche s'est élevée contre la condamnation à mort d'Amir Mirzaï Hekmati: «Les accusations selon lesquelles M. Hekmati travaillait pour la CIA ou a été envoyé par (la centrale américaine du renseignement) en Iran sont fausses», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Tommy Vietor.

«Le régime iranien est connu pour accuser indûment des gens d'être des espions, obtenir des confessions par la force et détenir des Américains innocents pour des raisons politiques», a-t-il ajouté.

Alors que les États-Unis et l'Iran n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1979 et que les intérêts américains en Iran sont représentés par l'ambassade de Suisse, M. Vietor a appelé le gouvernement iranien à «donner immédiatement accès à M. Hekmati à des (diplomates) suisses (...) et à le relâcher sans délai».

Cette affaire risque d'alourdir le climat déjà tendu entre l'Iran et les États-Unis, après les nouvelles sanctions américaines contre le programme nucléaire iranien et les menaces de Téhéran de fermer le détroit d'Ormuz, stratégique pour le trafic maritime pétrolier mondial, si les pays occidentaux imposaient des sanctions contre ses exportations pétrolières.

Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a prévenu que les États-Unis riposteraient si l'Iran cherchait à bloquer le détroit d'Ormuz, évoquant une «ligne rouge» à ne pas franchir. Mais il a aussi affirmé que Téhéran essayait seulement «de développer une capacité nucléaire», pas de se doter de l'arme atomique.

Mi-décembre, la télévision iranienne avait diffusé des images montrant M. Hekmati avouer avoir eu pour «mission» d'infiltrer le ministère du Renseignement pour le compte de la CIA.

Le parquet avait requis le 27 décembre la peine maximale, estimant que ces aveux montraient «clairement» qu'il avait coopéré avec la CIA et «agi contre la sécurité nationale» iranienne.

Sur les images, le jeune homme, rasé de près, parlait couramment farsi ainsi qu'anglais avec un accent américain. «J'ai eu un premier entretien avec la CIA en 2009», racontait-il, évoquant ensuite cinq mois de formation puis neuf mois en Irak.

Ensuite, la CIA «m'a dit de transmettre des informations à l'Iran et de me faire payer», a-t-il expliqué, précisant que les agents américains lui avaient promis 500 000 dollars pour cette mission et donné comme consigne de se présenter comme un «soldat américain mécontent de la politique des États-Unis».

Le jeune homme, identifié par les services de renseignement iraniens pendant une formation en Afghanistan, a été arrêté dès son entrée en Iran, selon Téhéran qui n'a précisé ni la date ni les circonstances de l'interpellation.

Téhéran fait régulièrement état de l'arrestation d'«espions» ou de «saboteurs» travaillant pour les États-Unis ou Israël. Dimanche, le ministre des Renseignements a ainsi annoncé l'interpellation de plusieurs «espions» chargés par Washington de perturber les législatives du 2 mars.