Au moins 68 personnes ont péri dans une vague d'attentats antichiites jeudi en Irak, le bilan le plus lourd en cinq mois dans ce pays en proie à une grave crise politique qui a ravivé les tensions confessionnelles.

Ces attentats interviennent moins de trois semaines après la fin des opérations de retrait de l'armée américaine intervenue en 2003 en Irak.

Près de Nassiriya, un kamikaze a fait exploser sa bombe au milieu d'un groupe de pèlerins qui se rendaient à pied dans la ville sainte de Kerbala pour les célébrations de l'Arbaïn, un deuil religieux chiite commémorant la mort de l'imam Hussein, fils d'Ali et petit-fils de Mahomet, en 680.

«Les hôpitaux de Nassiriya ont reçu 45 morts et 68 blessés», a déclaré un médecin des services de santé, Hadi Badr el-Riyahi. Ce bilan a été confirmé par un responsable de la sécurité.

Dans Bagdad, des attentats ont visé deux quartiers chiites emblématiques: Kazimiya Sadr City, le plus grand quartier chiite de la capitale irakienne.

À Kazimiya, deux voitures piégées ont explosé vers 9h (1h, heure de Montréal) à des carrefours proches, faisant 14 morts et 31 blessés selon des sources aux ministères de la Défense et de l'Intérieur.

À Sadr City, une moto piégée a explosé vers 7h (23h, heure de Montréal) près d'un groupe de journaliers, faisant sept morts et 20 blessés. Peu après, deux bombes dissimulées en bord de route ont explosé près du principal hôpital du quartier au moment où les blessés y étaient conduits, faisant deux morts et 15 blessés, selon le responsable du ministère de l'Intérieur.

«Où sont les forces de sécurité ? Où sont les points de contrôle ? Comment cette voiture piégée a-t-elle pu exploser ici», tempêtait, furieux, Achour Abdallah, un homme de 60 ans près du site des explosions à Kazimiya où s'activaient secours et forces de l'ordre.

Le bilan de 68 morts est le plus lourd depuis le 15 août 2011, lorsqu'une série d'attentats en Irak ont fait au moins 74 morts.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a condamné des attentats «visant à provoquer des affrontements inter-religieux».

Le représentant de l'ONU en Irak, Martin Kobler, les a aussi condamnés, en appelant les Irakiens «à rester fermes face à ceux qui usent de la violence sous ses pires formes pour empêcher le pays et son peuple de réussir en tant que nation démocratique, stable et prospère».

Les États-Unis ont dénoncé ces attentats «terroristes» et indiqué que le vice-président Joe Biden et leur ambassadeur en Irak James Jeffrey oeuvraient pour «encourager les responsables politiques irakiens à discuter et à se rencontrer» pour résoudre leurs différends.

Ces attaques contre la communauté chiite, majoritaire en Irak, interviennent en pleine crise politique entre blocs politiques sunnites et chiites. Des responsables politiques ont exprimé ces derniers jours leur crainte de voir ressurgir les terribles violences confessionnelles qui avaient fait des dizaines de milliers de morts en 2006 et 2007.

Le conflit actuel s'est déclaré lorsque le bloc parlementaire Iraqiya, soutenu par les sunnites, a entrepris à la mi-décembre de dénoncer en termes très forts les méthodes autoritaires du premier ministre chiite, Nouri al-Maliki.

Il a été aggravé par le mandat d'arrêt pour complot lancé quelques jours plus tard à l'encontre du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, qui se trouve actuellement au Kurdistan (nord).

Néanmoins, M. Maliki a semblé lâcher un peu de lest cette semaine en acceptant que les ministres d'Iraqiya boycottant les travaux du gouvernement ne soient pas démis de leurs fonctions, mais considérés comme «en congé».

Il a en outre rencontré jeudi soir le président du Parlement et leader d'Iraqiya, le sunnite Ossama al-Noujaifi. Rien n'a filtré sur cette rencontre.

Une femme d'une cinquantaine d'années à proximité hurlait et pleurait: «Des innocents meurent, on les tue sans raison. Que Dieu accomplisse sa vengeance sur ceux qui ont commis ces meurtres!»

Ces attentats interviennent en pleine crise politique entre les blocs politiques sunnites et chiites. Plusieurs responsables politiques ont exprimé ces derniers jours leur crainte de voir resurgir les terribles violences confessionnelles qui avaient fait des dizaines de milliers de morts en 2006 et 2007.

Le conflit actuel s'est déclaré lorsque le bloc parlementaire Iraqiya, soutenu par les sunnites, a entrepris à la mi-décembre de dénoncer en termes très forts les méthodes autoritaires du premier ministre chiite, Nouri al-Maliki.

Il a été aggravé par le mandat d'arrêt pour complot lancé quelques jours plus tard à l'encontre du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, qui se trouve actuellement au Kurdistan irakien (nord).

Le bloc Iraqiya, deuxième groupe parlementaire avec 82 députés, boycotte depuis plus de deux semaines les travaux du Parlement, et ses neuf ministres font de même au gouvernement.

«Les responsables politiques luttent entre eux pour le pouvoir et nous en payons le prix», s'est lamenté Ahmed Khalaf, un des journaliers présents sur le site des explosions à Sadr City. «Est-ce de notre faute si Hachémi est recherché, ou si d'autres personnes sont recherchées? Pourquoi devons-nous payer à leur place?», a-t-il insisté.

À Kazimiya, un autre homme s'indignait: «Pourquoi empêchez-vous la presse et les photographes de venir sur les lieux? Avez-vous peur que le monde voie votre échec? Les politiques sont à l'origine de cette crise, qui se traduit par des attentats terroristes. Des innocents en paient le prix».

Les États-Unis et l'ONU ont lancé des appels au calme et plaidé pour un dialogue entre les différents blocs politiques, mais aucune rencontre n'a eu lieu pour l'instant.

M. Maliki a toutefois semblé lâcher un peu de lest cette semaine en acceptant que les ministres d'Iraqiya boycottant les travaux du gouvernement ne soient pas démis de leurs fonctions, mais considérés comme «en congé».