Washington soupçonne le Yémen de lui avoir fourni des renseignements erronés pour préparer une attaque qui a mené en 2010 à la mort d'un dirigeant en conflit avec le pouvoir yéménite, alors que les Américains visaient des membres d'Al-Qaïda, indique le Wall Street Journal jeudi.

La révélation de cet incident pourrait un peu plus compliquer les relations déjà difficiles qu'entretiennent Washington et Sanaa, au moment où l'administration Obama dit «étudier» une demande de visa du président Ali Abdallah Saleh.

Le chef de l'État yéménite veut se rendre aux États-Unis pour raisons médicales.

M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, fait l'objet d'un mouvement de contestation depuis janvier et a été blessé dans une attaque à la bombe contre son palais à Sanaa le 3 juin et soigné en Arabie saoudite.

L'attaque du 25 mai 2010 à laquelle le Wall Street Journal fait référence avait été préparée avec des renseignements fournis par le gouvernement yéménite. Jabir Shabwani, gouverneur adjoint de la province de Mareb, en délicatesse avec la famille de M. Saleh, y avait trouvé la mort.

«Nous pensons avoir été piégés», a indiqué un responsable américain au journal sous couvert d'anonymat.

Le quotidien note cependant qu'il n'est «pas clair» si le Yémen a sciemment fourni ces faux renseignements.

Mais «quoi qu'il en soit, nombre de responsables (américains) s'accordent à dire que cet incident soulève bien des interrogations» quant à la fiabilité des informations fournies par les services yéménites et quant à «ce que les États-Unis savaient sur les personnes qu'ils ont éliminées lors de leurs frappes entre décembre 2009 et mai 2010».