Le commandant de la marine iranienne a souligné mercredi qu'il était «très facile» pour l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz, passage obligé de nombreuses exportations pétrolières, que Téhéran avait menacé la veille de fermer en cas de sanctions contre le pétrole iranien.

«Fermer le détroit est très facile pour les forces armées iraniennes, c'est comme boire un verre d'eau, comme on dit en persan», a déclaré l'amiral Habibollah Sayyari, tout en estimant qu'une telle mesure n'est pas nécessaire pour l'instant.

Des manoeuvres navales sont en cours depuis cinq jours dans ce détroit par où transite entre un tiers et 40% du trafic maritime pétrolier mondial.

«Tout le monde sait combien le détroit est important et stratégique, et il est complètement sous le contrôle de la République islamique d'Iran», a dit le chef de la marine iranienne à la télévision anglophone Press-TV.

«Aujourd'hui nous n'avons pas besoin de (fermer, ndlr) le détroit car nous contrôlons la mer d'Oman et nous pouvons contrôler le transit» maritime et pétrolier, a-t-il cependant estimé.

La marine iranienne a entamé samedi dix jours de manoeuvres militaires navales autour du détroit d'Ormuz, un couloir particulièrement vulnérable en raison de sa faible largeur, 50 km environ, et de sa profondeur, qui n'excède pas soixante mètres.

Les forces navales ont été déployées à l'est du détroit, dans la mer d'Oman et dans le Golfe d'Aden, ainsi que dans l'océan Indien.

Mardi, le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi, a affirmé que «si on devait adopter des sanctions contre (les exportations) de pétrole iranien, aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d'Ormuz».

Outre l'Iran, second producteur de l'Opep, les autres pays du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Irak, le Qatar et les Émirats arabes unis, exportent une partie de leur pétrole par ce détroit.

«Nous n'avons aucune envie d'hostilités ou de violence (...) mais les ennemis renonceront à leurs complots seulement le jour où nous les remettrons à leur place», a-t-il ajouté.

Les États-Unis et certains pays européens, qui ont déjà adopté des sanctions contre les secteurs pétrolier, gazier et pétrochimique iraniens, envisagent des sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran à cause de son programme nucléaire controversé.

«L'Union européenne envisage une autre série de sanctions contre l'Iran et nous ne renonçons pas à cette idée», malgré la menace iranienne, a affirmé mercredi à l'AFP un porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Mme Catherine Ashton.

La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne défendent l'idée d'un embargo sur l'achat de brut iranien, mais d'autres pays européens y sont opposés. Téhéran vend quelque 450 000 barils/jour (18% de ses exportations) aux Européens, essentiellement à l'Italie (180 000 barils), à l'Espagne (160 000 barils) et à la Grèce (100 000 barils).

Les cours du pétrole étaient en hausse mercredi en Asie après les menaces proférées mardi par le premier vice-président iranien.

Ils se sont toutefois repliés en cours d'échanges européens vers 06h00 (HNE), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeant à 108,33 dollars, en baisse de 94 cents par rapport à la clôture de mardi. Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait 60 cents à 100,74 dollars.

«Nous surveillons totalement les menaces et les mouvements (des forces américaines, ndlr) et nous répondrons de la manière la plus forte à toute menace», a déclaré l'amiral Sayyari.

Les États-Unis maintiennent dans le Golfe une présence navale puissante, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn.

Au cinquième jour des manoeuvres, la marine iranienne a notamment «déployé différents drones» dans l'Océan Indien, a dit l'amiral Mahmoud Moussavi, porte-parole des manoeuvres.