Pour des milliers de pèlerins, Noël à Bethléem, c'est célébrer Jésus sur son lieu de naissance. Mais au terme d'une année marquée par la demande d'adhésion à l'ONU et les tractations diplomatiques, les Palestiniens espèrent aussi profiter de leur présence pour les sensibiliser à leur cause.

Aujourd'hui, des milliers de touristes vont converger vers Bethléem et la basilique de la Nativité, lieu de naissance présumé de Jésus. Des chants de Noël vont résonner aux quatre coins de la grande place devant l'église, où un sapin d'une dizaine de mètres de haut, décoré d'étoiles dorées, de boules rouges et de cloches argentées, a été érigé.

Parmi les pères Noël soufflés, les crèches en bois et les couronnes qui décorent la petite ville, des affiches ont été posées sur les murs par le ministère palestinien du Tourisme et des Antiquités. Tout en souhaitant de joyeuses célébrations aux visiteurs, le texte les invite à prier pour «la liberté de la Palestine».

L'année qui s'achève a été marquée par la tentative d'adhésion à l'ONU - toujours non achevée, et vraisemblablement vouée à l'échec. C'est en lien avec cet événement que l'Autorité palestinienne a choisi sa thématique cette année: «La Palestine célèbre l'espoir».

«C'est un message avec une connotation politique, mais qui parle aussi de l'espoir lié à la naissance de Jésus, note la ministre palestinienne du Tourisme et des Antiquités, Khouloud Daibes. Les touristes et les pèlerins devraient être au courant de la situation. Spécialement quand ils visitent la Terre sainte, ils ne devraient pas oublier les enjeux.»

Espoir

Des cartes de voeux, frappées du slogan, avec une boule de Noël rouge, seront distribuées aujourd'hui aux alentours de la basilique. Des employés de la poste offriront aux touristes un timbre palestinien à l'encre afin d'envoyer leurs cartes de souhaits aux quatre coins du monde. Exceptionnellement, le bureau de poste situé tout près ouvrira jusqu'à minuit. «Beaucoup de touristes viennent ici et veulent un timbre palestinien, avec le sceau de Bethléem», précise Moussa Mohammed, responsable des timbres pour ce bureau de poste. Le premier timbre de Noël palestinien a vu le jour en 1996. Cette année, les budgets n'ont pas permis d'imprimer un nouveau timbre en papier, selon la section philatélique de l'administration des postes palestiniennes.

Peu de touristes rencontrés sur place à quelques jours de Noël semblaient s'offusquer de l'amalgame entre la politique et la fête religieuse. «C'est sûr que le slogan sonne politique, comme tellement de choses ici, a dit Rosie Altman, Californienne de 20 ans. Mais Noël est la période de l'année pour l'espoir et si c'est pour ça qu'ils veulent prier, pourquoi pas?»

D'autres étaient plus réticents à appuyer la démarche à l'ONU. «Je lis sur la situation, mais c'est difficile de se faire une opinion, a expliqué Reiko Schmidt, Allemand venu visiter les lieux sacrés à Bethléem et Jérusalem pour la première fois. Mais je prie pour que le processus de paix continue. Je crois que c'est la seule bonne façon de régler les choses.»

Démarche à l'UNESCO

En tout, quelque 50 000 visiteurs étaient attendus à Bethléem durant la semaine de Noël. La basilique de la Nativité, construite sur le lieu où serait né Jésus, est au coeur des célébrations.

Les Palestiniens ont commencé des démarches il y a près d'un an pour la faire inscrire sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO. Après avoir obtenu un siège au sein de l'organisme, ils espèrent maintenant que leur demande sera acceptée, ce qui rendrait l'Autorité palestinienne responsable du lieu de la basilique. «Nous espérons pouvoir commencer les rénovations l'an prochain, souligne Mme Daibes. C'est un des plus importants monuments de Palestine. Cela démontre l'importance de la basilique et des célébrations de Noël comme célébrations nationales.»