Cinq Casques bleus français ont été blessés vendredi à Tyr, dans le sud du Liban, dans un attentat visant selon le président libanais Michel Sleimane à pousser la France à quitter le pays.

Deux passants ont également été blessés dans cette explosion d'une bombe dissimulée sur le bas-côté de la route qui a été déclenchée au passage de la Jeep des soldats de l'ONU en périphérie de Tyr (80 km au sud de Beyrouth), a déclaré un responsable des services de sécurité sous couvert de l'anonymat.

Un des soldats a été grièvement blessé au visage, a indiqué l'armée libanaise alors que l'état-major des armées à Paris a précisé que quatre des Français blessés ont été «très légèrement touchés» et le cinquième «un peu plus sérieusement» atteint, sans que ses jours soient en danger.

L'état de santé des deux civils n'était en revanche pas connu.

Un correspondant de l'AFP a vu trois des militaires, une femme et deux hommes, la tête bandée, près de leur véhicule très endommagé. La violente explosion a creusé un cratère d'un mètre de profondeur.

«Cet acte vil et méprisable ne vise pas seulement à faire du mal aux soldats de la paix mais aussi à ébranler la stabilité et la paix qui prévalent dans le sud», a dénoncé le commandant de la Force de l'ONU déployée dans le sud du Liban (Finul), le général Alberto Asarta Cuevos.

Il a assuré, dans un communiqué, que l'attentat ne détournerait pas la Finul de sa mission. Créée en 1978 pour surveiller la frontière entre le Liban et Israël, cette force de l'ONU compte 12 100 hommes. La France en est l'un des plus gros contributeurs, avec 1300 soldats.

Le président Sleimane a dénoncé dans un communiqué une «attaque terroriste» visant à pousser les troupes françaises «à quitter le Liban pour laisser le champ libre à d'autres attaques terroristes».

«Les services de sécurité libanais feront tout pour trouver et arrêter ceux qui sont responsables de cette explosion et empêcher de telles tragédies à l'avenir», a promis le président libanais, en visite officielle en Arménie.

Le premier ministre, Najib Mikati, a lui aussi dénoncé une attaque qui vise selon lui «la stabilité et la sécurité du Liban».

À Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé que la France était «déterminée à poursuivre son engagement au sein de la Finul» et ne se laisserait «pas intimider par des actes aussi ignobles».

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné cette attaque «profondément troublante» et espéré que ses auteurs soient «rapidement identifiés et traduits en justice».

Cet attentat est le troisième cette année contre une patrouille de la Finul. En mai, six Casques bleus italiens avaient été blessés par une bombe à Saïda (sud). Et le 26 juillet, toujours à Saïda, six Casques bleus français avaient été blessés par une explosion similaire à celle de vendredi. Aucun de ces attentats n'a été revendiqué.

Cette nouvelle attaque intervient alors que politiques et diplomates soulignent le risque que les violences en Syrie voisine, où le régime réprime dans le sang un soulèvement entamé il y a près de neuf mois, gagnent le Liban, dont le gouvernement est dominé par le parti armé Hezbollah, allié de Damas.

Le député Marwane Hamadé, membre de l'opposition pro-occidentale, a accusé le régime syrien d'avoir commandité l'attentat. «Pour moi, le message est clair. Ce sont les Syriens (qui sont derrière l'attaque, NDLR) et le postier est le Hezbollah», a-t-il déclaré à l'AFP.

Le puissant parti chiite a dénoncé l'attentat, assurant qu'il visait à déstabiliser le sud, contrôlé en grande partie par ses troupes. «Nous appelons les services de sécurité libanais à faire leur maximum pour mettre fin à ce type d'attaques», a ajouté le Hezbollah dans un communiqué.