L'état-major des forces armées iraniennes a menacé de mener des opérations contre tout «appareil agresseur» au-delà même de l'espace aérien iranien après avoir annoncé avoir abattu un drone américain RQ-170 «dans l'est du pays», frontalier de l'Afghanistan et du Pakistan.

«Du fait qu'il y a eu violation très claire de l'espace aérien iranien, désormais les actions opérationnelles et électroniques des forces armées de la République islamique contre les appareils agresseurs ne seront plus limitées aux frontières du pays», a déclaré un responsable militaire de l'état-major des forces armées ayant requis l'anonymat, cité par les médias iraniens.

Dimanche, l'armée iranienne a affirmé avoir abattu un drone de renseignement américain RQ-170 «dans l'est du pays», frontalier de l'Afghanistan et du Pakistan.

Cet avion sans pilote «avait violé légèrement les zones frontalières de l'est du pays», a affirmé l'agence Fars citant l'état-major militaire.

Selon cette source, les militaires iraniens «ont réussi à enlever aux agresseurs (les opérateurs de l'appareil, NDLR) le contrôle du drone, qui a été abattu avec peu de dégât et se trouve désormais aux mains des forces armées».

Aucune image de l'appareil n'a été montrée par l'armée iranienne.

La Force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF) a admis dimanche soir qu'il pourrait s'agir d'un drone américain dont, selon elle, la trace a été perdue au-dessus de l'Ouest afghan.

Lundi, le Pentagone a indiqué n'avoir «aucune indication» que le drone perdu en Iran ait été abattu.

«Nous n'avons aucune indication que le drone que nous avons perdu a été abattu à la suite d'une quelconque activité hostile», a déclaré à la presse le capitaine de vaisseau John Kirby un porte-parole du ministère américain de la Défense.

«Le drone auquel les Iraniens se réfèrent pourrait être un drone américain de reconnaissance qui effectuait une mission au dessus de l'ouest de l'Afghanistan en fin de semaine», a expliqué l'ISAF.

«Les opérateurs du drone ont perdu le contrôle de l'appareil et tentent toujours de déterminer ce qu'il est devenu», a ajouté l'ISAF sans autre précision, notamment sur le type de l'appareil.

Le Pentagone s'est également refusé à confirmer le type d'appareil ni son état supposé à la suite de sa perte.

«Il s'agit de missions de reconnaissance sensibles et nous n'en parlons pas», a affirmé George Little, un autre porte-parole du Pentagone.

«Nous sommes toujours inquiets lorsque nous perdons un appareil, qu'il soit piloté à distance ou pas, particulièrement dans un endroit où on ne peut pas le récupérer», a de son côté admis le capitaine de vaisseau Kirby, évoquant une éventuelle récupération des technologies de l'appareil par les Iraniens.

Le RQ-170 Sentinel est un drone de reconnaissance de haute altitude très récent dont l'existence, révélée en 2009 par des médias spécialisés, n'a été reconnue qu'en 2010 par l'US Air Force.

Selon certains sites spécialisés, des appareils de ce type seraient déployés en Afghanistan, notamment pour obtenir des renseignements sur l'Iran et le Pakistan.

La menace iranienne de s'en prendre à des drones «agresseurs» au-delà des frontières peut viser les appareils américains qui opèrent en Afghanistan et au Pakistan mais aussi dans la région du Golfe.

L'armée iranienne a affirmé à plusieurs reprises ces dernières années avoir abattu des drones américains au-dessus du Golfe ou dans des régions frontalières.

En janvier, l'Iran avait affirmé avoir abattu deux drones américains dans le Golfe en dehors de l'espace aérien du pays.

Le général Amir Ali Hajizadeh, commandant des forces aériennes des Gardiens de la révolution, a annoncé en juin avoir montré à des experts russes deux appareils abattus «dans les eaux internationales et les zones contrôlées par la République islamique».

Il avait affirmé que l'Iran était parvenu à «copier» ces drones, dont il n'a pas indiqué le modèle.

Les États-Unis se sont inquiétés à plusieurs reprises de la construction de drones par l'Iran.

Il y a quelques jours, un site conservateur Mashregh, qui publie régulièrement des informations militaires, a mis en ligne ce qu'il a présenté comme des films et des photos pris par des drones des Gardiens de la révolution de plusieurs porte-avions américains opérant dans la région.