L'armée américaine est entrée dans la dernière ligne droite de son retrait d'Irak avec le transfert vendredi aux autorités irakiennes de sa principale base militaire, Victory Base Complex, qui abrita son QG et la prison de Saddam Hussein.

Le compte à rebours affiche à présent moins d'un mois avant le départ des derniers militaires américains d'Irak: selon un décompte datant de vendredi soir, ils n'étaient plus que 10 500 soldats et civils du ministère de la Défense, concentrés dans cinq bases.

Les clés de la plus symbolique et sans doute la plus névralgique de ces bases, Victory Base Complex, ont été remises le matin aux autorités irakiennes.

«Victory Base Complex a été officiellement remise par ordre écrit aux mains du gouvernement irakien. La base n'est plus sous contrôle américain et est à présent sous l'entière autorité du gouvernement irakien», a indiqué un porte-parole de l'armée américaine, le colonel Barry Johnson.

Cet immense complexe situé en bordure de Bagdad a abrité jusqu'à plus de 100 000 personnes, dont 42 000 militaires et plus de 65 000 employés de sociétés privées, a indiqué l'historien de l'armée américaine, Jerry Brooks, lors d'une récente visite.

Il ressemblait alors à une petite ville des États-Unis, avec ses villas en préfabriqué, ses rues Liberty, Victory ou Lost Lake, ses supermarchés et ses fast-food.

Certains secteurs du complexe avaient déjà été transférés aux Irakiens, dont cinq des neuf palais construits par Saddam Hussein, avec leurs palmiers et lacs artificiels. L'ancien dictateur y accueillait en toute discrétion ses hôtes avant l'invasion conduite par les États-Unis en mars 2003.

Un de ces palaces, le palais Fao, immense avec ses 42 000 m2, ses 62 pièces, son revêtement de marbre, ses énormes chandeliers et son mobilier kitch, abritait le quartier général militaire de la coalition, puis celui des États unis pour les opérations en Irak.

Son vaste hall a aussi servi lors de nombreux discours et cérémonies.

La dernière a été conduite jeudi par le vice-président américain Joe Biden en l'honneur des militaires américains et irakiens, en présence des principaux dirigeants du pays.

M. Biden a, à cette occasion, qualifié le palace de «monument grotesque à l'avidité d'un dictateur» et s'est félicité d'y voir réunis des soldats des deux pays «unis par le sacrifice commun au service de leurs pays».

Dans une partie de la base, dénommée «camp Victory», deux villas à moitié détruites sur une petite île artificielle sont accessibles par un pont-levis. C'est dans l'une d'elles qu'ont vécu jusqu'à leur exécution Saddam Hussein et son cousin Ali Hassan al-Majid, connu sous le sobriquet de «Ali le chimique» pour avoir ordonné le gazage d'adversaires du régime.

Le retrait américain d'Irak fait suite à un accord signé en 2008 entre les deux pays. Il a été confirmé le 21 octobre par le président Barack Obama, les deux capitales ayant échoué à se mettre d'accord sur le maintien d'un petit contingent de formateurs américains au-delà de la fin de l'année.

Ce départ, s'il est salué par une grande partie de la population en Irak, suscite aussi des inquiétudes sur la capacité des forces irakiennes à assurer la sécurité.

Neuf personnes ont été tuées dont quatre membres des Sahwa (milices opposées à Al-Qaïda) dans des violences vendredi, selon des sources de sécurité.

Une fois les derniers militaires partis, les États-Unis ne seront plus présents en Irak que via leur ambassade, qui sera toutefois la plus grande du monde avec jusqu'à 16 000 employés.