Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a exclu «à l'heure actuelle» une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, dans une interview jeudi à la radio publique.

«Nous n'avons pas l'intention d'agir à l'heure actuelle. Il ne faut pas engager de guerre lorsque cela n'est pas nécessaire», a-t-il affirmé.

«Notre position n'a pas changé sur trois points: un Iran nucléaire est inacceptable, nous sommes déterminés à empêcher cela et toutes les options sont sur la table», a toutefois prévenu M. Barak.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a étayé dans un récent rapport les soupçons des Occidentaux selon lesquels Téhéran, malgré ses démentis, a travaillé à la fabrication d'une arme nucléaire.

A propos des répercussions d'un éventuel conflit armé avec l'Iran en cas d'attaques israéliennes, M. Barak s'est voulu rassurant.

«Une guerre ce n'est pas un pique-nique, mais si Israël est forcé d'agir nous n'aurons pas 50 000, 5000 ou même 500 morts, à condition que les gens restent chez eux», a-t-il soutenu, en rappelant que la quarantaine de missiles à têtes conventionnelles tirés vers Israël par l'Irak durant la Guerre du Golfe en 1991 n'avait fait qu'un seul mort.

Interrogé sur d'éventuelles divergences avec les Etats-Unis sur la tactique à adopter vis-à-vis de l'Iran, M. Barak a répondu: «Il faut savoir qu'Israël est souverain. Le gouvernement, l'armée et les services de sécurité sont seuls responsables de notre sécurité et de l'existence d'Israël».

Le ministre de la Défense, proche du premier ministre Benjamin Netanyahu, s'est par ailleurs félicité des incidents et explosions ayant touché des installations iraniennes.

«Tout ce qui retarde le programme nucléaire iranien, que cela provienne du ciel ou se produise par d'autres moyens, est le bienvenu», a-t-il estimé, refusant de préciser si les services secrets israéliens étaient impliqués dans ces «incidents».

L'ex-numéro un du Mossad (services secrets), Meïr Dagan, a réitéré son opposition à une opération militaire à l'heure actuelle. «L'option militaire devrait être la dernière alternative», a-t-il plaidé dans une interview télévisée.

M. Dagan, qui juste après son départ du Mossad en janvier dernier avait estimé que l'Iran ne possèderait pas l'arme nucléaire avant 2015, a réaffirmé jeudi que Téhéran était encore loin de maîtriser le feu atomique.

«Les Iraniens, jusqu'à présent, ont emprunté ce chemin très prudemment. Lorsqu'ils entreront dans la dernière phase (de développement d'une arme nucléaire, ndlr)... nous aurons suffisamment de temps à l'avance pour prendre la décision de recourir à la force armée», a-t-il analysé.

L'ancien chef du renseignement militaire israélien, le général Amos Yadlin, qui a quitté ses fonctions l'an dernier, a pour sa part estimé cette semaine que les Iraniens ont «suffisamment» de matériel fissile pour produire «4 à 5 bombes (atomiques) dès qu'ils l'auront décidé».

L'actuel patron du département de recherches du renseignement militaire, le général Iraï Baron, a affirmé lundi devant une commission du Parlement que l'Iran «opère sur une base régulière environ 6.000 centrifugeuses sur les 8.000 dont ce pays dispose».

«Jusqu'à présent, l'Iran a accumulé 50 tonnes d'uranium faiblement enrichi et un peu moins de 100 kg d'uranium enrichi à 20% (...) l'Iran a besoin de 200 kg d'uranium enrichi à 20% qui doivent ensuite être enrichi à 90% pour produire une bombe atomique», a soutenu le général Baron.

Selon le dernier rapport de l'AIEA, daté du 8 novembre, l'Iran a produit un total de 4.922 kilogrammes (un peu moins de 5 tonnes) d'uranium faiblement enrichi (3,5%) et 73,7 kilogrammes d'uranium enrichi à 19,75%.

M. Netanyahu avait appelé la semaine dernière le monde à imposer des sanctions contre l'industrie pétrolière et la banque centrale iraniennes afin de forcer Téhéran à renoncer à ses projets nucléaires.

Israël, considéré comme la seule puissance atomique dans la région, n'a jamais confirmé ou démenti disposer d'un arsenal nucléaire.