Le roi Abdallah II de Jordanie s'est entretenu lundi avec le président palestinien Mahmoud Abbas, une rencontre inédite à Ramallah en Cisjordanie, à quelques jours d'un sommet attendu entre M. Abbas et le chef du Hamas, Khaled Mechaal.

L'hélicoptère du roi Abdallah est reparti du siège de la présidence à Ramallah en début d'après-midi au terme d'une visite d'un peu plus de deux heures, sa première dans les Territoires palestiniens depuis plus de dix ans.

«Il s'agit d'une visite de soutien historique et très importante à tout point de vue», a déclaré M. Abbas à des journalistes peu après.

«La rencontre avec Sa Majesté le roi est une continuation de notre dialogue, d'autant plus qu'il va se rendre en Europe et en Amérique», a-t-il souligné.

«Nous allons également effectuer une tournée dans des pays arabes sur les questions de la réconciliation et d'autres», a ajouté M. Abbas.

«La politique de colonisation israélienne nuit aux efforts de paix», a estimé de son côté le roi Abdallah lors de son entretien avec M. Abbas, selon l'agence officielle jordanienne Petra.

«La Jordanie soutient les efforts de l'Autorité palestinienne pour parvenir à la justice pour les Palestiniens et contribuer à établir un État indépendant via des négociations de paix conformément aux résolutions internationales», a-t-il poursuivi.

«Il n'y a pas pour nous d'intérêt supérieur à la réconciliation et la fin de la division», a déclaré pour sa part le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue jordanien Nasser Joudeh.

«Le roi dit toujours que la force réside dans l'unité du front palestinien», a assuré le chef de la diplomatie jordanienne.

«Le but de la Jordanie est de soutenir l'Autorité et la cause palestiniennes et nous devons faire tous les efforts pour la cause palestinienne et l'unité du front palestinien», a plaidé M. Joudeh.

À son arrivée, le roi Abdallah II a été accueilli par de nombreux responsables palestiniens, dont le président Abbas et le premier ministre Salam Fayyad.

Cette visite surprise fait suite à celle du numéro deux du département d'État américain, William Burns, reçu dimanche soir par M. Abbas.

Le président palestinien a réaffirmé à l'émissaire américain être prêt à reprendre des pourparlers de paix si Israël arrêtait la colonisation et acceptait les lignes de 1967 comme base de discussions, a indiqué le négociateur palestinien Saëb Erakat.

M. Abbas a en outre souligné que la réconciliation palestinienne était un intérêt national supérieur, a ajouté M. Erakat, démentant que «M. Burns soit porteur de messages de menaces de l'administration américaine contre la réconciliation palestinienne».

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a discuté lundi matin avec M. Burns «des moyens de reprendre des négociations directes avec les Palestiniens», selon un communiqué du bureau de M. Nétanyahou.

Selon le quotidien israélien Maariv, la mission «d'urgence» de M. Burns a été décidée à la suite de l'annonce d'une rencontre cette semaine au Caire entre M. Abbas qui dirige le parti Fatah, et le chef du Hamas.

Le sommet entre mm. Abbas et Mechaal vise à mettre en oeuvre, après un long retard, l'accord conclu le 27 avril entre le Fatah et le Hamas, qui contrôlent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza. Cet accord a été paraphé le 3 mai par l'ensemble des mouvements palestiniens.

Cet accord -dont les grandes lignes ont déjà été acceptées secrètement au Caire récemment par les deux parties, selon des sources palestiniennes- prévoit la constitution d'un gouvernement intérimaire composé de personnalités indépendantes, chargé d'organiser des élections législatives et présidentielle en mai 2012 au plus tard.