Le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, a avoué mardi être «inquiet» pour l'avenir de l'Irak après le retrait des dernières troupes américaines du pays à la fin de l'année.

«Anticipant la question de savoir si je suis inquiet pour l'avenir de l'Irak, la réponse est oui», a déclaré le chef d'état-major interarmées devant les sénateurs de la commission de la Défense.

Les États-Unis doivent avoir retiré toutes leurs troupes du pays -au nombre de 24 000 actuellement selon le Pentagone- d'ici la fin de l'année après l'échec des négociations entre Washington et Bagdad pour le maintien d'un contingent au-delà de 2011, une «erreur», selon le sénateur républicain John McCain.

Washington, qui souhaitait maintenir des troupes dans le pays pour aider à la formation de l'armée irakienne, apporter son soutien à sa défense aérienne et contrer l'influence de l'Iran voisin, y a renoncé après le refus de Bagdad d'accorder une immunité judiciaire aux soldats américains qui resteraient.

Le général Dempsey a toutefois estimé que l'avenir des deux pays «est inextricablement lié» en raison du «sang versé» et des sommes dépensées par les États-Unis depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003.

Le secrétaire à la Défense Leon Panetta, également entendu par les sénateurs, a de son côté jugé que «l'Irak est prêt à prendre en main sa sécurité sans présence militaire américaine importante».

Les relations des États unis avec l'Irak seront dorénavant «normales, similaires à d'autres dans la région, fondées sur les intérêts et le respect mutuels», a-t-il estimé.

De fait, des militaires américains resteront en Irak sous l'égide de l'ambassade pour développer la coopération avec l'armée irakienne, comme c'est le cas dans de nombreux autres pays, comme l'Arabie saoudite, l'Égypte ou la Turquie, a rappelé Leon Panetta.

L'Irak est en mesure de faire face aux défis qui l'attendent, comme les divisions au sein de sa classe politique, sa défense extérieure ou les groupes extrémistes, selon lui.

Les États-Unis s'inquiètent de l'influence de l'Iran sur son voisin, comme l'a rappelé le sénateur McCain.

Mais pour le chef du Pentagone, Bagdad n'a «aucun désir d'être dominé par l'Iran ou par qui que ce soit», et «les Irakiens ont systématiquement montré leur volonté de résister aux Iraniens» et aux groupes extrémistes soutenus par Téhéran qui sévissent en Iran.

Le gouvernement irakien avait affirmé début novembre avoir refusé des propositions de l'Iran et de la Turquie pour entraîner ses forces armées après le départ des Américains.

Mais lundi, le commandant des Gardiens de la révolution iranienne, le général Mohammad Ali Jafari, et le chef d'état-major irakien, le général Babaker Zebari, se sont prononcés pour un renforcement de la coopération entre leurs armées.

L'armée américaine a annoncé mardi la mort d'un nouveau soldat en Irak, portant à 4484 le nombre de militaires américains décédés depuis 2003, selon un bilan de l'AFP se fondant sur le site internet www.icasualties.org.

Quelque 32 000 Américains ont été blessés dans le conflit, alors que plus d'un million d'hommes et de femmes y ont été déployés sur la période.