Une action militaire visant le programme nucléaire iranien pourrait avoir un «grave impact» dans la région sans pour autant dissuader Téhéran de poursuivre son projet, a mis en garde jeudi le chef du Pentagone Leon Panetta au cours d'une conférence de presse.

Une action militaire ne retarderait le programme nucléaire iranien que de trois ans et ne devrait donc être envisagée qu'en «dernier ressort», a ajouté le secrétaire américain à la Défense, selon qui la communauté internationale doit appliquer «les sanctions les plus dures» contre Téhéran.

«Nous devons être prudents face à des conséquences non voulues qui, non seulement ne dissuaderaient pas l'Iran de leur projet, mais surtout qui auraient un grave impact dans la région et sur les forces américaines dans la région», a affirmé M. Panetta.

Le secrétaire à la Défense a dit partager l'estimation de son prédécesseur Robert Gates, selon qui une frappe visant le programme nucléaire iranien ne le retarderait que de trois ans au plus.

«Quant à une action contre l'Iran, je crois que c'est le Premier ministre (israélien Benjamin) Netanyahu qui a dit lui-même aujourd'hui que ce devrait être en dernier ressort, et nous partageons cet avis», a-t-il ajouté.

Des responsables israéliens ont agité ces derniers jours la menace d'une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes.

Dans un rapport rendu public mardi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) fait part de «sérieuses inquiétudes» concernant le programme nucléaire iranien, s'appuyant sur des informations «crédibles» selon lesquelles Téhéran a travaillé à la mise au point de l'arme atomique et livrant pour la première fois des éléments étayant les soupçons occidentaux sur des visées militaires.

Les Etats-Unis ont indiqué chercher à mettre en oeuvre une possible «pression supplémentaire» sur Téhéran, via des sanctions diplomatiques ou économiques additionnelles.

Depuis 2007, l'ONU a infligé à l'Iran quatre séries de sanctions économiques et financières. De leur côté, les Occidentaux, Américains et Européens en tête, ont pris des sanctions allant bien plus loin que celles décidées par les Nations unies.

Leon Panetta a par ailleurs réaffirmé qu'il était «inacceptable» que l'Iran devienne une puissance nucléaire.

«L'Iran est signataire du Traité de non-prolifération (TNP). Elle doit s'y tenir, elle doit respecter les normes internationales», a-t-il affirmé, ajoutant que «manifestement, le rapport de l'AIEA vient juste d'indiquer que ce n'est pas le cas».