La petite cellule où fut détenu l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, dans une villa à moitié détruite, est aujourd'hui à l'abandon, mais ses toilettes ont été envoyées aux États-Unis pour figurer dans un musée.

Aucun graffiti n'est visible sur les murs blancs et il ne reste rien de la présence de Saddam Hussein qui dirigea d'une main de fer l'Irak de 1979 à 2003, quand il fut renversé par une coalition conduite par les États-Unis.

Le plan en ciment, sur lequel était posé autrefois un matelas, est vide. Le lavabo et les toilettes en aluminium ont aussi disparu. Ils ont été envoyés, avec la porte de la cellule, au musée de la police militaire au Missouri, selon le lieutenant-colonel Jerry Brooks, l'historien de l'armée américaine en Irak.

Dans la cour poussiéreuse où l'ancien homme du pays se rendait une heure par jour pour faire de l'exercice, des boîtes en contreplaqué, utilisées par Saddam Hussein pour planter des fleurs et des légumes, sont les seules traces de son jardin passé.

Selon le lieutenant-colonel Brooks, il passait le reste des 23 heures dans sa cellule, sauf les jours où il était interrogé ou devait assister à son procès.

La prison de Saddam, logée dans une villa, était située dans une île entourée d'un lac artificiel dans le camp militaire américain Victory, près de l'aéroport de Bagdad.

Appelé «building 114», l'ancien lieu de détention, dont une grande partie du toit est effondrée, est grêlé d'éclats d'obus. Il avait été endommagé lors de l'invasion de 2003 et laissé intentionnellement ainsi pour faire croire qu'il n'était pas habité.

«L'extérieur était resté dans l'état pour que les gens ne sachent pas ce qui se passait à l'intérieur alors que nous l'avions transformé en une prison ultra-sécurisée», confie le lieutenant-colonel.

L'aménagement, qui a coûté plusieurs millions de dollars, a pris quelques mois et a été réalisé «dans le plus grand secret», ajoute-t-il, en précisant que le lieu était gardé par la police militaire.

Saddam Hussein n'était pas le seul prisonnier de l'île. Il avait pour voisin son cousin Ali Hassan al-Majid, surnommé «Ali le chimiste» pour avoir ordonné le gazage d'adversaires du régime, notamment la ville kurde de Halabja en 1988, faisant 5000 morts.

«Saddam Hussein (y) a été détenu de 2004 au 30 décembre 2006», la veille de son exécution, et Majid est resté jusqu'en 2008, quand il fut pendu, selon Jerry Brooks.

La cellule de Majid est identique à celle du dictateur, mais les toilettes sont restées sur place.

Le périmètre pénitentiaire contenait trois cellules, mais seulement deux étaient utilisées. Quatre caméras filmaient les interrogatoires.

La prison est fermée depuis 2009 et sans électricité depuis 2010, assure l'officier américain.

Selon certaines rumeurs, le secteur pourrait être transformé en musée après sa remise, comme le reste du Camp Victory, aux autorités irakiennes, avant le 31 décembre, date limite du retrait des forces américaines.