Le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani, en visite en Turquie, s'est déclaré opposé à des opérations militaires turques dans le nord de l'Irak contre les rebelles kurdes, affirmant que seul un règlement pacifique pouvait mettre un terme au conflit kurde en Turquie.

«Honnêtement, je désapprouve toutes ces opérations (turques) (...) Je ne pense pas que l'on puisse obtenir de résultat avec l'option militaire», a-t-il dit, cité par le journal turc Hürriyet.

Le président de la région autonome du Kurdistan irakien, arrivé jeudi en Turquie pour évoquer la lutte avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a des bases arrière dans la montagne irakienne, a affirmé qu'il était «très difficile» pour l'armée turque de remporter une victoire décisive sur un mouvement disposant d'une force irrégulière.

Le 19 octobre, une série d'attaques du PKK dans le sud-est turc, près de la frontière avec l'Irak, a entraîné la mort de 24 soldats turcs, ce qui a poussé le gouvernement turc à ordonner une offensive transfrontalière contre les cibles du PKK en Irak.

M. Barzani a qualifié de «crime» le meurtre de soldats turcs et exhorté une nouvelle fois le PKK à cesser ses activités militaires. «Quand le PKK aura fait cela, la Turquie n'aura plus de prétexte de poursuivre sa campagne militaire», en Irak, a-t-il estimé.

Le leader kurde qui a rencontré le chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu et le chef de l'État Abdullah Gül s'est entretenu samedi à Istanbul, avant de quitter la Turquie, avec le premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui avait demandé un soutien plus actif de son administration et des peshmergas (combattants kurdes) contre le PKK.

Au terme de l'entrevue, M. Barzani a déclaré soutenir une politique d'ouverture lancée en 2009 par le gouvernement islamo-conservateur turc en faveur de la communauté kurde de Turquie, un processus qui s'est cependant enlisé en raison de l'engrenage dans le conflit kurde, d'une part avec la multiplication des attaques du PKK et la répression par Ankara du mouvement politique kurde.

«Cette politique aura des répercussions favorables en Turquie et dans la région» où plusieurs pays (Irak, Syrie et Iran) abritent des minorités kurdes, a-t-il dit, cité par l'agence de presse Anatolie.

Il a dénoncé les activités armées du PKK mais prôné une solution pacifique au problème kurde. «Le combat doit se faire au Parlement», a-t-il insisté.

M. Erdogan a pour sa part selon son entourage, cité par les médias, fait part du grand malaise de la Turquie au sujet d'attaques commises en Turquie par des rebelles provenant de leurs repaires irakiens.

Classé par bon nombre de pays parmi les organisations terroristes, le PKK a pris les armes en 1984. Les affrontements entre les forces turques et le PKK se sont intensifiés ces derniers mois, et aucune solution politique n'est en vue.