Plus de deux millions de musulmans entament vendredi les rites du pèlerinage annuel de la Mecque, le plus grand rassemblement humain au monde qui pose aux autorités saoudiennes un formidable défi logistique.

«Nous mobilisons tous les moyens pour prévenir toute atteinte (à la sécurité) d'un quelconque pèlerin ou d'un groupe de pèlerins», a assuré mardi le nouveau prince héritier Nayef ben Abdel Aziz à La Mecque, la première ville sainte de l'islam située dans l'ouest du royaume saoudien.

Le prince Nayef, ministre de l'Intérieur et président de la haute commission du pèlerinage, a assisté à un défilé des forces de sécurité et de la défense civile, qui mobilisent jusqu'à 100 000 hommes pour assurer le bon déroulement du hadj.

Des unités des forces spéciales, dont des forces anti-émeutes et de lutte contre le terrorisme, soutenues par des hélicoptères, ont simulé des interventions de secours.

Le moment fort du pèlerinage interviendra samedi lorsque les fidèles convergeront vers le mont Arafat près de La Mecque. L'Aïd Al-Adha, la fête du sacrifice marquant la fin du hadj, sera célébré dimanche.

La sécurité est le souci majeur des Saoudiens qui, se voulant les gardiens des premiers lieux saints de l'islam, La Mecque et Médine, veillent à éviter tout incident pouvant affecter l'immense rassemblement.

D'autant que le hadj de cette année coïncide avec le Printemps arabe, qui a emporté les dirigeants de Tunisie, d'Égypte et de Libye.

«Ma joie est sans limites, c'est la première fois que j'accomplis le pèlerinage après la libération de mon pays», a affirmé Adel Abou Kasseh, un pèlerin libyen.

«Ce qui se passe dans certains pays arabes frères est une affaire interne», a déclaré le prince Nayef, avertissant cependant que Riyad agirait avec détermination face à tout risque de troubles. «Le royaume est prêt à affronter toutes les situations, quelles qu'elles soient».

L'affaire d'un complot iranien présumé contre l'ambassadeur saoudien à Washington, révélée par les États-Unis, est présente aussi dans les esprits.

«Les Iraniens ont toujours affirmé leur respect pour le hadj», a dit le prince Nayef.

Les 97 000 pèlerins iraniens vont «se concentrer sur l'unité islamique», a assuré le représentant du Guide suprême iranien Ali Khamenei pour le pèlerinage, l'hodjatoleslam Ali Ghazi Asghar, en souhaitant un hadj «dans le calme et la spiritualité».

Le message semble avoir été bien entendu. «Nous ne cherchons pas de problèmes durant le hadj», a déclaré Khadija, une Iranienne de 35 ans.

Des violences ont régulièrement opposé, depuis la révolution islamique de 1979, les forces saoudiennes aux pèlerins iraniens accusés de transformer le pèlerinage en tribune politique anti-israélienne, anti-américaine et hostile au régime saoudien.

Les plus graves affrontements avaient fait 402 morts, dont 275 Iraniens, en 1987, provoquant une rupture de plusieurs années des relations entre Riyad et Téhéran.

Le mufti du royaume, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, a qualifié de «pêché» toute tentative de perturber le hadj pour «des raisons politiques».

Les défis sont aussi d'ordre logistique; les autorités, mettant à profit leur manne pétrolière, ne cessent d'améliorer au fil des ans l'infrastructure dans les lieux saints.

Une nouvelle extension de la Grande mosquée de La Mecque, d'un coût de 10,6 milliards de dollars, a été lancée il y a quelques mois pour permettre au site d'accueillir en même temps jusqu'à deux millions de fidèles.

Un métro mis en service en 2010 entre Mina, Mouzdalifa et le mont Arafat «tourne désormais à pleine capacité», a affirmé le ministre des Affaires municipales, le prince Mansour Ben Mitaab, pariant sur ce moyen de transport moderne pour contribuer à décongestionner la circulation, un casse-tête permanent durant le hadj.