Des dirigeants du monde entier étaient attendus à Riyad pour les obsèques mardi du prince héritier de l'Arabie saoudite, puissance régionale et poids lourd pétrolier, Sultan ben Abdel Aziz, dont le successeur n'a pas encore été désigné.

La dépouille du prince héritier et ministre de la Défense, un octogénaire décédé samedi dans un hôpital de New York, a été rapatriée lundi soir.

La chaîne publique Al-Ekhbariya a montré des images en direct de la base aérienne de Riyad, où le corps a été transféré dans une ambulance, en présence du roi Abdallah. Âgé de 87 ans, ce dernier était sur une chaise roulante et portant un masque chirurgical.

Le vice-président américain Joe Biden est attendu à Riyad ainsi que plusieurs chefs d'État et de gouvernement, dont le président pakistanais Asif Ali Zardari et le premier ministre malaisien Najib Razak.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a envoyé un message de «sympathie» au roi Abdallah, alors que les tensions entre les deux pays se sont accrues ces dernières semaines, avec les accusations américaines selon lesquelles Téhéran était impliqué dans un complot visant à assassiner l'ambassadeur saoudien à Washington.

Le prince héritier doit être inhumé mardi lors d'une cérémonie brève et dépouillée, conformément à la tradition de l'islam wahhabite.

Le décès du prince Sultan est intervenu alors que le roi Abdallah venait lui-même de subir une nouvelle opération. Mais le souverain est sorti de l'hôpital samedi soir et est alors apparu capable de marcher en s'appuyant sur une canne, selon les images de la télévision.

Le nouveau prince héritier doit être choisi parmi les frères, tous vieillissants, du souverain, les fils du roi Ibn Saoud, fondateur du royaume.

Le puissant ministre de l'Intérieur, le prince Nayef ben Abdel Aziz, 78 ans, apparaît comme le favori, après être devenu en 2009 deuxièmes vice-premier ministre.

Un nouveau ministre de la Défense et de l'Aviation doit également être désigné. Le prince Sultan, qui occupait cette fonction depuis 1963, avait modernisé les forces saoudiennes, grâce en particulier à d'importants contrats d'armements conclus avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

Le choix d'un nouveau prince héritier pourrait être entériné par le «Conseil d'allégeance», un Conseil restreint des Al-Saoud, la dynastie qui dirige l'Arabie saoudite depuis sa création en 1932.

Ce serait la première intervention de ce conseil, créé en 2006 pour assurer une transition pacifique du pouvoir dans cette monarchie ultraconservatrice du Golfe. Mais le recours à cette instance n'est pas encore certain, selon des analystes.

«Le roi pourrait choisir le prince héritier sans avoir recours à cette instance, car le décret annonçant sa création indiquait que le roi et le prince héritier actuels n'étaient pas concernés par ce conseil», a expliqué à l'AFP Fahd al-Arabi, président du centre de recherches Asbar à Riyad.

Le prince Talal ben Abdel Aziz, demi-frère du roi connu pour ses idées libérales, avait exprimé samedi «l'espoir que le conseil d'allégeance» choisirait le nouveau prince héritier.

Plusieurs Saoudiens ont affirmé soutenir le choix du ministre de l'Intérieur, un homme à poigne qui a supervisé la lutte contre Al-Qaïda au début de la décennie.

«Il a une grande expérience dans les domaines politiques et de sécurité et il nous rassure», a affirmé Hamed al-Nasser, un fonctionnaire de 45 ans.

«C'est une forte personnalité et c'est ce qu'il nous faut dans les circonstances actuelles», a déclaré Ahmad Tayeb, un employé de 25 ans, dans une allusion aux bouleversements dans le monde arabe.

L'Arabie saoudite se pose en champion de la stabilité dans un environnement arabe qui a vu trois chefs d'État chassés ces derniers mois par la contestation populaire, en Tunisie, Égypte et Libye.