La confirmation par le président Barack Obama du retrait des forces armées américaines à la fin de l'année est une occasion «historique» pour l'Irak et leur départ n'affectera pas la sécurité du pays, a assuré samedi le premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

«Le retrait est une occasion historique pour le peuple irakien et les forces armées», a déclaré M. Maliki lors d'une conférence de presse au lendemain de l'annonce par M. Obama du retrait avant fin 2011 des 39 000 militaires américains qui se trouvent encore en Irak.

«Avec le retrait, nous allons tourner une page dominée par (des relations) militaires et nous allons construire un nouveau cadre basé sur la coopération diplomatique», a-t-il dit.

«Nos forces sont devenues à même de contrôler la situation sécuritaire», a-t-il affirmé.

Les violences ont fortement diminué en Irak depuis le pic atteint en 2006/2007, mais les attentats restent fréquents et les morts violentes nombreuses. En septembre, 185 Irakiens ont été tués dans des attaques, contre 239 en août, selon des données officielles.

Vendredi, M. Obama a proclamé dans une allocution à la Maison-Blanche la fin, «après près de neuf années (de) la guerre menée par les États-Unis en Irak». «Aujourd'hui, je suis en mesure d'annoncer, comme promis, que le reste de nos troupes présentes en Irak rentreront d'ici à la fin de l'année».

Le départ des soldats américains était déjà prévu dans le cadre d'un accord signé en 2008 entre les deux pays. Mais Washington et Bagdad ont tenté de négocier le maintien d'un contingent de quelques milliers de formateurs pour les soldats irakiens.

M. Maliki a confirmé que les discussions avaient achoppé sur la question de l'immunité que Washington exigeait pour ses soldats.

Désormais, «la formation sera incluse dans les contrats d'achats d'armes», a-t-il indiqué. Elle se déroulera exclusivement dans des bases irakiennes et les militaires américains ne pourront en aucun cas participer à des opérations.

M. Maliki s'est voulu rassurant quant à la stabilité du pays: «la sécurité (en Irak) n'a rien à voir avec le retrait des forces américaines». «Personne ne songe à pénétrer en Irak, et l'Irak a une armée conséquente», a-t-il souligné.

«Le retrait va faire disparaître toutes les excuses avancées par Al-Qaïda et les groupes armés pour justifier leurs attaques», a-t-il souligné, tout en reconnaissant que les forces irakiennes auraient encore besoin d'environ deux ans pour atteindre leur plein potentiel opérationnel.

Nombre d'Irakiens, traumatisés par les huit années de guerre et de violences qui ont suivi la chute de Saddam Hussein en 2003, se sont dit heureux samedi de l'annonce du retrait américain.

Mais ils étaient aussi très nombreux à redouter une reprise des conflits confessionnels et des tentatives de déstabilisation de la part de pays voisins comme la Syrie et l'Iran. La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a implicitement mis en garde samedi l'Iran contre toute intervention dans les affaires irakiennes.

George W. Bush avait déclenché l'invasion de l'Irak en mars 2003 sans l'aval des Nations unies, officiellement pour mettre hors d'état de nuire les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Ces armes n'ont jamais été retrouvées et le dirigeant irakien a été renversé, avant d'être capturé par les Américains en décembre 2003 puis exécuté par la justice irakienne en 2006.

La guerre a fait au moins 4400 morts dans les rangs américains et au moins 100 000 morts, selon diverses estimations, dans la population irakienne. Elle a coûté des centaines de milliards de dollars aux États-Unis.