Israël projette de construire un nouveau quartier à Jérusalem-Est annexée, pour la première fois depuis 14 ans, qui comprendra 1700 logements israéliens, a annoncé vendredi l'ONG anticolonisation La Paix Maintenant.

«La procédure légale pour ce nouveau quartier, appelé Givat Hamatos, a commencé. Les 1700 logements prévus pour les Israéliens seront érigés sur des terrains domaniaux tandis que 910 autres logements bâtis sur des terrains privés palestiniens dans le même secteur seront destinés à des Palestiniens du quartier voisin de Beit Safafa», a déclaré à l'AFP Hagit Ofran, une des responsables de La Paix Maintenant.

Les autorités ont accordé un délai de 60 jours pour tous ceux qui voudraient s'opposer légalement à ce projet. Si ces appels sont rejetés, les requérants pourront faire appel à un tribunal qui statuera.

«L'ensemble de cette procédure pourrait durer un an et, dans ces conditions, les travaux pourraient être lancés dans moins de deux ans», a estimé Hagit Ofran.

Selon Mme Ofran, le gouvernement «peut encore geler ce projet, à supposer qu'il ne souhaite pas tuer toute possibilité de paix».

Une fois achevé, le projet «isolera le quartier de Beit Safafa du reste de la Cisjordanie, notamment de Bethléem et rendra de fait impossible de faire de Jérusalem-Est la capitale d'un futur État palestinien disposant d'une unité géographique sur le terrain».

Joint à Paris par l'AFP, le négociateur palestinien Saëb Erakat a condamné ce projet «qui nous confirme que le gouvernement israélien veut détruire le processus de paix et la solution de deux États».

«Nous demandons au Quartette (États-Unis, Union européenne, Russie et ONU) d'assumer rapidement la responsabilité de ses efforts en condamnant la colonisation israélienne et en prenant des mesures contre les nouvelles colonies israéliennes».

Quelque 196 000 Israéliens vivent dans douze quartiers de Jérusalem-Est conquis en juin 1967 puis annexé par Israël.

Le 27 septembre, le ministère israélien de l'Intérieur avait approuvé la construction de 1100 logements dans le quartier de colonisation juive de Gilo, s'attirant les condamnations palestiniennes et de la communauté internationale.

La décision avait été vivement critiquée par les États unis, «profondément déçus», l'Union européenne, la France, qui avait parlé de «provocation», et la Grande-Bretagne qui avait demandé l'abandon du projet, au moment où le Quartette s'efforce de relancer les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens.

Les responsables palestiniens ont affirmé à de nombreuses reprises qu'ils ne reprendraient pas les négociations avec Israël sans gel de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où vivent 270 000 Palestiniens.

Israël a proclamé l'ensemble de la ville sa capitale «éternelle et indivisible».

Mais cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale qui considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé, alors que les Palestiniens veulent en faire la capitale de l'État auquel ils aspirent.