Le président afghan a estimé, vendredi, que la guerre dans son pays prendrait fin seulement quand les talibans seraient délogés de leur repaire au Pakistan, tout en admettant que la communauté internationale et les autorités afghanes avaient échoué à assurer la sécurité des citoyens afghans, dix ans après le début de l'invasion américaine.

Sur le terrain, des postes avancés tenus par des soldats américains près de la frontière pakistanaise ont été attaqués par un kamikaze et des tirs de roquette vendredi, jour anniversaire du début de la guerre en Afghanistan, le 7 octobre 2001. Les attaques n'ont pas fait de victimes, mais les violences continues en Afghanistan rappellent la détermination des insurgés, qui prospèrent en partie parce qu'ils peuvent se réfugier au Pakistan.

L'invasion des Américains et de leurs alliés visait à renverser le régime des talibans alors au pouvoir en Afghanistan et à le punir pour avoir procuré un refuge à Al-Qaïda, qui a orchestré les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Au fil des années, la coalition internationale, dont le Canada a fait partie, s'est retrouvée embourbée dans les combats avec les insurgés. Même si les talibans ont été affaiblis, ils continuent de poser des bombes, de perpétrer des attentats-suicides et d'assassiner des responsables gouvernementaux afghans.

Dans une entrevue avec la BBC diffusée vendredi, Hamid Karzaï a affirmé que les talibans étaient soutenus par le Pakistan et qu'ils ne pouvaient rien faire sans l'appui des Pakistanais.

«Il ne fait aucun doute que les talibans ne peuvent bouger le petit doigt sans soutien pakistanais», a dit le président afghan. «Le fait est que (...) le quartier général politique et opérationnel des talibans se trouve au Pakistan. Nous le savons tous. Les Pakistanais le savent. Nous le savons.»

Les repaires des talibans au Pakistan ne disparaîtront pas tant que le gouvernement pakistanais ne coopérera pas avec l'Afghanistan et la communauté internationale afin de trouver des moyens efficaces de les éliminer, a dit M. Karzaï.

«Nous ne disons pas cela comme une accusation ou une réprimande», a-t-il ajouté, tentant visiblement de ne pas enflammer les relations déjà tendues entre les deux pays. «Nous disons cela comme une déclaration destinée à trouver une solution au problème.»

Le Pakistan assure avoir coupé tous les liens avec les talibans et les autres insurgés après l'invasion américaine en Afghanistan, mais Washington et Kaboul pensent le contraire.

Le gouvernement afghan, soutenu par ses alliés internationaux, tente de conclure la paix avec les talibans depuis des années. Mais après l'assassinat, en septembre, de l'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani, qui dirigeait les négociations de paix avec les talibans, le président Karzaï a mis fin aux pourparlers avec les insurgés, estimant que seul le Pakistan détenait la solution au conflit.

«Nous n'avons pas dit que nous ne parlerions plus avec eux (les talibans)», a dit Hamid Karzaï. «Nous avons dit que nous ne savions pas à qui parler. Nous ne négocions pas avec des individus identifiables qui représentent les talibans. Il n'y a pas de porte où nous pouvons frapper et dire: «Nous sommes là, nous voulons vous parler.»

Interrogé sur ce qui devait être amélioré en Afghanistan, M. Karzaï a évoqué la sécurité des Afghans.

«Nous avons été terriblement mauvais en ce qui concerne la sécurité des Afghans, et c'est la plus grande lacune de notre gouvernement et de nos partenaires internationaux. Nous devons fournir un environnement plus sûr et plus prévisible aux citoyens afghans. Dans ce domaine, la communauté internationale et le gouvernement afghan ont clairement échoué.»