Un drone américain s'est écrasé dimanche dans une zone tribale du Pakistan source de tensions récurrentes entre Islamabad et Washington, dont les relations restent minées par le raid contre Ben Laden et la présence de talibans sur le sol pakistanais, aux portes de l'Afghanistan.

Selon des sources sécuritaires pakistanaises, l'appareil sans pilote s'est écrasé dans le Sud-Waziristan, l'un des deux districts de la région administrative du Waziristan, considérée par Washington comme le principal sanctuaire d'Al-Qaïda dans le monde.

Le drone est tombé sur la commune de Zangara, à environ 80 km au nord de Wana, la principale localité du district. Deux sources du renseignement pakistanais à Wana ont confirmé l'écrasement.

L'incident serait dû à «un problème technique», a indiqué un responsable sécuritaire à Peshawar. Mais l'aéronef s'est écrasé dans une région sensible où, de surcroît, des chefs tribaux avaient affirmé avoir abattu un drone américain en septembre 2008.

Accident ou perte de guerre, l'épisode survient à un moment délicat des relations entre les États-Unis et le Pakistan, alliés dans la lutte contre le terrorisme, mais qui se vouent une méfiance réciproque et tenace.

Les Américains accusent de duplicité Islamabad, qui refuse, selon eux, de «nettoyer» le Waziristan, base arrière de certains groupes de talibans afghans, en particulier le réseau Haqqani, considéré par Washington comme l'ennemi numéro un des États-Unis dans l'est de l'Afghanistan.

Ce réseau est tenu responsable des attaques spectaculaires contre le QG de l'OTAN et l'ambassade américaine la semaine dernière à Kaboul.

De son côté, Islamabad reproche à Washington de ne pas l'avoir informé à l'avance du raid lancé le 2 mai par un commando héliporté contre Oussama Ben Laden à Abbottabad, une ville-garnison pakistanaise où il se terrait, à deux heures au nord d'Islamabad.

Pour tenter d'apaiser ces tensions, les deux plus hauts gradés des armées américaine et pakistanaise, le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Mike Mullen, et son homologue pakistanais, le général Ashfaq Kayani, se sont entretenus vendredi à Séville (Espagne) en marge d'une conférence de l'OTAN.

Les deux hommes, qui se rencontraient pour la première fois depuis la mort de Ben Laden, «sont tombés d'accord sur le fait que les relations entre les deux pays demeurent vitales pour la région» et ont reconnu «des gestes positifs» des deux côtés pour améliorer leurs relations.

Cette entrevue s'est tenue quelques jours après les attaques suicide spectaculaires lancées par plusieurs assaillants, dont certains appartenaient au réseau Haqqani, contre le QG de l'OTAN et l'ambassade américaine à Kaboul, et qui ont fait 15 morts, dont les kamikazes.

Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a pressé mercredi le Pakistan d'agir contre ce réseau. «Nous n'allons pas laisser ce type d'attaques se reproduire», a-t-il prévenu.

L'ambassadeur américain au Pakistan, Cameron Munter, a même affirmé sur les ondes de Radio Pakistan que Washington possédait les «preuves» de liens entre le gouvernement pakistanais et le réseau, sans autre précision.