Israël était sous le choc samedi au lendemain de l'attaque d'une violence sans précédent de manifestants contre son ambassade au Caire, mais a décidé de maintenir ses liens diplomatiques avec l'Égypte.

En ce jour de repos hebdomadaire, les radios et télévisions israéliennes ont interrompu leurs programmes réguliers pour diffuser en boucle des reportages sur la mise à sac de la représentation diplomatique.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui a affirmé qu'un «désastre» avait été évité in extremis, doit faire une déclaration samedi à 17h30 GMT (13h30, heure de Montréal).

«L'attaque violente contre l'ambassade israélienne est un incident sérieux, mais elle aurait pu être pire si les émeutiers avaient réussi à franchir la dernière porte et à porter atteinte à notre personnel», a déclaré M. Nétanyahou, cité par les médias.

«Je suis heureux que nous ayons réussi à éviter un désastre et je voudrais remercier le président américain Barack Obama pour son aide», a ajouté le premier ministre.

Selon la télévision publique israélienne, M. Nétanyahou a été en contact direct durant la nuit par visioconférence avec les six agents de sécurité  israéliens chargés de la protection de l'ambassade, qu'une simple porte blindée séparait des émeutiers.

Lors de cet entretien dramatique, le chef des vigiles israéliens a demandé au premier ministre «d'informer personnellement ses parents s'il était lynché», a précisé la télévision.

M. Nétanyahou a alors appelé le président américain Barack Obama, dont l'intervention auprès des autorités égyptiennes a été décisive, selon la télévision.

Le président Obama a exprimé sa «grande inquiétude» et sommé les autorités égyptiennes de protéger la représentation israélienne.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a de son côté téléphoné dans la nuit à son homologue américain Leon Panetta pour solliciter l'aide des États-Unis pour contribuer à protéger la chancellerie.

Les forces de sécurité égyptiennes ont secouru les six Israéliens piégés dans l'ambassade. «Il y avait une réelle inquiétude pour leur vie. Finalement, ils ont été secourus avec succès par des commandos égyptiens», a déclaré à l'AFP un haut responsable gouvernemental israélien.

«Quand les violences ont dérapé hors de contrôle, environ 80 (Israéliens) ont été évacués. Tout notre personnel est sain et sauf», a-t-il dit.

L'ambassadeur d'Israël au Caire, Yitzhak Levanon, est rentré tôt samedi en Israël.

«Nous laissons (sur place) l'adjoint de l'ambassadeur pour poursuivre les contacts avec le gouvernement égyptien», a indiqué le haut responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat, en parlant de «coup douloureux à la paix et de grave violation des normes diplomatiques».

En outre, l'ambassadeur d'Israël regagnera son poste au Caire dès que sa sécurité sera garantie, a indiqué un porte-parole officiel.

«Israël renverra en Égypte son ambassadeur dès que les conditions pour la sécurité de l'ambassade seront assurées par l'Égypte», a affirmé à la radio militaire le porte-parole, Ron Sofer.

Le bâtiment de l'ambassade d'Israël au Caire, symbole de la paix conclue en 1979, mais qui cristallise aussi la colère d'une partie de l'opinion égyptienne, a été envahi vendredi soir lors d'une violente manifestation qui a fait 4 morts, dont l'un décédé d'une crise cardiaque, et plus de mille blessés.

Les manifestants ont jeté des documents depuis l'un des bureaux de l'ambassade située en haut d'un immeuble d'une vingtaine d'étages, après avoir détruit un mur protégeant le bâtiment.

Selon un ancien ambassadeur israélien au Caire, Zvi Mazel, les documents emportés ou détruits, apparemment des papiers consulaires, n'étaient pas de nature confidentielle.

Des forces de l'armée et de la police étaient déployées en masse samedi devant l'ambassade.

Les relations entre l'Égypte et Israël traversent une crise grave, après la mort de cinq policiers égyptiens tués alors que les forces israéliennes poursuivaient des auteurs présumés d'attaques dans le secteur d'Eilat proche de la frontière avec l'Égypte, le 18 août.

L'Égypte est le premier pays arabe à avoir conclu un accord de paix avec l'État hébreu.