Si des pays décident de supprimer leur aide financière à l'Autorité palestinienne pour protester contre la demande d'adhésion d'un État à l'ONU, le travail des policiers palestiniens pourrait être affecté, craint une mission subventionnée notamment par le Canada.

EUPOL COPPS est une mission de soutien à la formation des policiers palestiniens mise sur pied en 2006 et subventionnée par le Canada, 17 États membres de l'Union européenne et la Norvège. La participation du Canada fait partie d'un plan de 300 millions de dollars sur cinq ans annoncé en 2008 pour soutenir les réformes des systèmes de sécurité et de justice de l'Autorité palestinienne.

Les pays envoient aussi des policiers formateurs sur le terrain et fournissent notamment du matériel pour les unités - des véhicules, des pièces de rechange ou des outils de télécommunications, par exemple.

Mais la différence d'opinion des pays participants sur l'adhésion d'un État palestinien à l'ONU fait craindre la possibilité de voir des dons disparaître.

«Il y a des politiciens dans des pays qui s'opposent à la demande d'adhésion qui appellent leur gouvernement à couper leur soutien à l'Autorité palestinienne, explique Julio De La Guardia, des relations publiques d'EUPOL COPPS. Et nous sommes ici en soutien à l'Autorité palestinienne dans la formation des policiers. Notre budget est limité et la plupart des équipements nous viennent de pays donateurs. Donc s'ils cessent leurs dons, c'est sûr que ça va avoir des conséquences sur le terrain.»

Il souligne que le cas de la mission n'est pas unique et que les décisions pourraient influencer toutes les organisations internationales présentes dans la région.

Le rôle des policiers palestiniens pourrait avoir une importance particulière dans les prochains jours, voire les prochaines semaines, si la demande d'adhésion d'un État palestinien à l'ONU cause des manifestations monstres et des désordres publics à l'intérieur des villes palestiniennes. Les yeux seront alors tournés vers les 1300 membres des Forces spéciales de police palestiniennes, responsables notamment du maintien de l'ordre dans les villes sous contrôle de l'Autorité palestinienne - soit environ 20% de la Cisjordanie.

Le conseiller spécialisé Jean-Frédéric Martin, qui offre son expertise depuis quatre ans aux formateurs des Forces spéciales, est convaincu que les policiers palestiniens sont prêts à faire face à toute éventualité, en mettant en pratique les méthodes d'usage graduel de la force et d'éthique policière qu'il a lui-même enseignées.

Mais pour l'instant, les Forces spéciales disposent encore de très peu de moyens de dispersion, comme les gaz lacrymogènes et les balles de caoutchouc, note le policier français. Tout matériel livré aux unités policières palestiniennes doit d'abord obtenir l'autorisation d'une unité du ministère de la Défense israélien responsable des activités dans les Territoires. Une des fonctions d'EUPOL COPPS est d'ailleurs de faciliter la transition du matériel.

«Ils ont besoin de moyens de dispersion modernes. Mais avant d'y avoir accès, il y a aussi une expertise à acquérir, ça coûte cher et il faut les autorisations», précise Jean-Frédéric Martin, en montrant fièrement des photos de policiers palestiniens dans leur uniforme aux motifs de camouflage bleus, alignés derrière des boucliers transparents pendant un de leurs entraînements.