Les Palestiniens ont lancé jeudi une campagne pour appuyer leur demande d'adhésion à l'ONU d'un État de Palestine sur les frontières de 1967, un projet auquel s'opposent Israël et les États-Unis et qui divise les pays européens.

Au même moment, la direction palestinienne confirmait son intention de présenter cette demande d'adhésion aux Nations unies pendant la session annuelle de l'Assemblée générale qui s'ouvre la semaine prochaine.

La campagne, baptisée «Campagne nationale pour la Palestine, 194e État (l'ONU compte 193 membres, NDLR)», a été lancée à Ramallah, où une centaine de Palestiniens, brandissant drapeaux et pancartes, ont défilé jusqu'au QG de l'ONU et remis une lettre sollicitant le soutien du secrétaire général Ban Ki-moon à l'adhésion d'un État de Palestine.

«Aujourd'hui, nous avons commencé notre campagne sur le terrain et nous espérons que les Nations unies répondront à nos demandes», a expliqué à l'AFP un des coordinateurs de la campagne Ahmad Assaf.

La lettre a été symboliquement déposée par une réfugiée du camp d'Al-Amari, près de Ramallah, Latifa Abou Hmed, 60 ans, dont six fils sont ou ont été détenus par Israël et un septième a été tué par l'armée israélienne.

«J'adresse ce message à l'ONU pour dire que nous avons droit à notre État comme n'importe qui dans le monde et droit à la fin de l'occupation», a-t-elle déclaré.

Le président palestinien Mahmoud Abbas doit lui-même remettre en personne la demande d'adhésion à M. Ban le 20 septembre, faute de perspective de reprise des négociations de paix avec Israël.

La direction palestinienne appelle à «une large mobilisation en Palestine, dans les camps (de réfugiés, NDLR) dans le monde arabe et dans tous les pays du monde pour soutenir la démarche aux Nations unies», selon un communiqué diffusé à l'issue d'une réunion à Ramallah autour de M. Abbas.

Elle «affirme la nécessité de poursuivre la démarche à l'ONU pour obtenir la reconnaissance de l'adhésion d'un État de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale», soit la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, selon le texte lu par le secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine Yasser Abed Rabbo.

«La direction palestinienne estime que parvenir à ce but favorisera la relance d'un processus de paix sérieux et de nouvelles négociations avec l'objectif clair d'une solution à deux États sur les frontières de 1967», précise-t-elle.

Un participant, Azzam al-Ahmad, a qualifié avant la réunion la décision «de «définitive et irréversible», affirmant que «la demande d'adhésion serait soumise au Conseil de sécurité et non à l'Assemblée générale».

Le président palestinien et deux émissaires américains ont constaté mercredi leurs divergences sur l'opportunité de cette demande.

«Le fossé entre les positions palestinienne et américaine persiste après la rencontre», a indiqué le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, au terme d'entretiens avec David Hale, émissaire américain pour le Proche-Orient, et Dennis Ross, conseiller spécial du président américain Barack Obama.

Israël s'oppose à cette initiative, de même que les États-Unis qui ont menacé d'utiliser leur veto au Conseil de sécurité, arguant qu'un État palestinien ne peut être que le résultat des pourparlers de paix, enlisés depuis près d'un an.