La coalition internationale en Afghanistan a suspendu le transfert des prisonniers afghans vers certaines prisons dépendant du gouvernement afghan, en raison de soupçons de torture, évoqués dans un rapport de l'ONU qui doit être publié prochainement, a indiqué l'OTAN mercredi.

Selon la BBC, le rapport de la Mission de l'ONU en Afghanistan (UNAMA) fait état de détenus battus à coups de tuyaux en plastique et menacés d'agressions sexuelles. Huit prisons, gérées par les services afghans de renseignement (NDS) ou par la police afghane, seraient concernées, selon la BBC.

«L'ISAF (Force de l'OTAN en Afghanistan) a décidé, par mesure de précaution, de suspendre le transfert de détenus vers certains centres de détention, jusqu'à ce que nous puissions vérifier les observations du rapport de l'UNAMA», a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'OTAN.

N'ayant pas lu le rapport, il n'a pu préciser la nature des allégations ou donner de détails sur son contenu.

«L'UNAMA est actuellement en train de finaliser un rapport sur les mauvais traitements de détenus en Afghanistan (...) nos conclusions indiquent que les mauvais traitements de détenus ne sont pas une politique gouvernementale ou institutionnelle», a déclaré à l'AFP Dan McNorton, un porte-parole de l'UNAMA.

Il a précisé que l'UNAMA avait informé les autorités afghanes, notamment la NDS, des conclusions du rapport et que celles-ci avaient proposé des mesures.

Les individus arrêtés par les forces de l'OTAN en Afghanistan sont détenus soit dans des prisons gérées par la coalition, comme celle de Parwan (ex-prison de Bagram) au nord de Kaboul, quand ils sont soupçonnés de liens avec les insurgés talibans, soit remis aux autorités afghanes.

En février dernier, un journaliste de l'AFP avait recueilli plusieurs témoignages faisant état d'un usage répandu de la torture par les forces de sécurité afghanes (armée, police, NDS) et montrant que le phénomène était très largement connu de la coalition qui continuait pourtant de leur transférer des prisonniers.

Rachel Reid, de l'ONG Human Rights Watch, avait indiqué à l'époque à l'AFP que la torture était surtout pratiquée par la police et les services secrets, ajoutant qu'elle est «généralisée» à la NDS.

Les ONG de défense des droits de l'homme accusent également les forces américaines, qui composent les deux tiers des 130 000 hommes de l'ISAF, de détenir «illégalement» des prisonniers, notamment à la prison de Parwan, anciennement située sur la base américaine de Bagram et parfois comparée au centre de détention de Guantanamo.

L'armée américaine devait initialement transférer en 2011 le contrôle de ses prisons au gouvernement afghan, notamment celle de Parwan/Bagram. Le transfert a été reporté à une date non précisée.