Le président palestinien Mahmoud Abbas a réitéré samedi sa volonté de demande d'adhésion d'un État de Palestine à l'ONU, liant cette démarche au refus d'Israël de geler la colonisation et d'accepter un règlement «basé sur les frontières de 1967».

«Nous allons à l'ONU pour demander l'adhésion pleine et entière d'un État de Palestine. Nous n'irions pas si la communauté internationale nous apportait une solution s'appuyant sur la légalité internationale, c'est-à-dire les lignes de 1967 et l'arrêt de la colonisation» israélienne, a déclaré M. Abbas lors d'un discours public à Ramallah (Cisjordanie).

«Mais sans cela, nous irons à l'ONU», a répété le président palestinien, en réaffirmant que cette démarche n'empêchait nullement de «revenir à la table de négociations (avec Israël), quel que soit le résultat à l'ONU, car il y a des questions qu'on ne peut résoudre sans négocier».

Quant à l'exigence israélienne que les Palestiniens reconnaissent Israël comme «l'État nation du peuple juif», M. Abbas a de nouveau opposé une fin de non-recevoir en estimant que ce n'est pas aux Palestiniens de «définir la nature de l'État d'Israël ni de dire si Israël est un État juif ou non».

En réaction, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman a accusé dans un communiqué les Palestiniens «de ne pas vouloir vivre aux côtés d'Israël, mais créer un État vide de juifs» en Cisjordanie, en allusion au refus des Palestiniens d'un maintien de colons israéliens dans leur futur État.

Le leader du parti ultranationaliste, Israël Beiteinou, a également accusé les Palestiniens de vouloir «conquérir Israël de l'intérieur», en allusion à la minorité arabe, accusée par sa formation de manquer de loyauté vis-à-vis l'État.

M. Abbas doit présenter, en qualité de leader de l'OLP, la requête palestinienne au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon le 20 septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies, malgré l'hostilité d'Israël et des États-Unis.

Les Palestiniens réclament un État dans les lignes du 4 juin 1967, antérieures à la Guerre des Six Jours, c'est-à-dire incluant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est dont ils veulent faire leur capitale.

Pour reprendre les discussions, les responsables palestiniens exigent un nouveau moratoire sur la colonisation, y compris à Jérusalem-Est, auquel Israël s'est refusé malgré d'intenses pressions internationales.

Le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou s'oppose à tout gel de la colonisation et refuse toute référence explicite aux lignes d'armistice du 4 juin 1967 comme base d'un règlement.

Plus de 300 000 Israéliens habitent dans les colonies de Cisjordanie occupée, un nombre en augmentation constante. Environ 200 000 autres se sont installés dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, où vivent quelque 270 000 Palestiniens.

«Ce qui nous pousse à aller à l'ONU, c'est l'incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux politiques israéliennes expansionnistes et racistes», a souligné M. Abbas.

«Nous allons à l'ONU avec l'aide de nos frères arabes et avec le soutien de nombreux pays dans le monde pour réclamer nos droits légitimes garantis par les lois et pactes internationaux», a-t-il ajouté.

«Notre décision ne vise pas à isoler Israël, ni à entrer en confrontation avec les États-Unis. Notre objectif est de réaliser notre rêve d'obtenir une reconnaissance officielle de notre État palestinien à l'ONU avec une souveraineté entière sur les terres occupées en 1967».

Par ailleurs, l'Autorité palestinienne s'est élevée contre les déclarations vendredi du président iranien Mahmoud Ahmadinejad selon lequel une reconnaissance d'un État palestinien par l'ONU ne serait qu'«un premier pas vers la libération de toute la Palestine», ce qui reviendrait à la destruction  de l'État d'Israël.

«Nous rejetons de tels propos qui servent uniquement à la droite israélienne» qui soupçonne les Palestiniens de «ne pas être sincères quand ils réclament une solution du conflit fondée sur deux États», israélien et palestinien, vivant côte à côte, a mis en garde l'Autorité dans un communiqué.