Le président palestinien Mahmoud Abbas va présenter la demande d'adhésion à part entière d'un État de Palestine aux Nations unies le 20 septembre malgré l'hostilité d'Israël et des États-Unis.

Le président de l'Autorité palestinienne remettra «directement» la requête --qualifiée de «démarche historique»-- au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le jour de l'ouverture de la prochaine Assemblée générale de l'ONU à New York, a déclaré samedi à l'AFP le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki.

«M. Ban Ki-moon transmettra la demande au président du Conseil de sécurité», a ajouté le chef de la diplomatie palestinienne, en soulignant que M. Abbas «veut présenter la demande en septembre, car le Liban assurera alors la présidence du Conseil de sécurité».

«Cela va nous aider, car le rôle du président du Conseil de sécurité, qui a des prérogatives, est crucial», a-t-il expliqué.

Un haut responsable israélien qui a requis l'anonymat a critiqué la décision palestinienne: «Apparemment, Mahmoud Abbas a pris la décision de s'abstenir de mener des négociations directes, c'était prévu et c'est dommage».

«Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou continue à croire que le processus de paix ne peut avancer que par des négociations directes et réelles», a ajouté ce responsable.

Les Palestiniens avaient déjà fait part de leur l'intention de demander au Conseil de sécurité l'adhésion de leur État à l'ONU en septembre, excluant une reprise des négociations avec Israël avant l'Assemblée générale annuelle des Nations unies.

Les Palestiniens veulent obtenir une adhésion à part entière à l'ONU et la reconnaissance de la Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avant la Guerre des Six Jours, soit la totalité de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est.

Ils se heurtent toutefois à l'opposition des États-Unis qui menacent de faire échouer la requête palestinienne en utilisant leur veto au Conseil de sécurité. Une demande d'adhésion à l'ONU doit être validée par le Conseil.

Pour contourner le veto américain, les Palestiniens pourraient se tourner vers l'Assemblée générale afin «d'élever (leur) statut à l'ONU d'observateur à État non membre».

Cette formule leur permettrait de devenir membres à part entière de toutes les agences de l'ONU, comme l'OMS (Organisation mondiale de la santé), l'UNESCO, l'Unicef, où les Palestiniens ne siègent qu'en tant qu'observateurs.

M. al-Malki a dit s'attendre à ce que «plus de 130 États reconnaissent l'État de Palestine» aux frontières de 1967.

Les Palestiniens sont déterminés à aller à l'ONU faute de perspective réaliste de reprise des négociations de paix avec Israël, enlisées depuis près d'un an.

Un responsable palestinien a révélé samedi que Mahmoud Abbas avait rencontré secrètement en vain à quatre reprises le président israélien Shimon Peres à Amman et à Londres pour tenter de relancer le processus de paix, en précisant que M. Nétanyahou avait fait échouer ces efforts.

Lors de leur dernière tentative, à la mi-juillet, les membres du Quartette sur le Proche-Orient (ONU, États-Unis, Russie et Union européenne) n'ont pas réussi à s'entendre sur une déclaration susceptible de débloquer l'impasse.

Pour reprendre les discussions, les responsables palestiniens exigent un nouveau moratoire sur la colonisation, y compris à Jérusalem-Est, auquel Israël s'est refusé malgré d'intenses pressions internationales.

Le gouvernement israélien, hostile à une démarche unilatérale des Palestiniens, a annoncé cette semaine son intention de continuer à construire massivement dans les quartiers de colonisation à Jérusalem-Est.