L'Agence américaine pour le développement international (USAID) a gelé vendredi ses programmes d'aide à Gaza, sur fond de bras de fer entre Washington et le Hamas qui exige de vérifier les comptes des ONG partenaires.

«Les programmes d'aide de l'Agence américaine pour le développement international ont été effectivement suspendus le 12 août», a déclaré dans un communiqué cet officiel qui a requis l'anonymat.

«En réponse à l'action unilatérale du Hamas, toutes les organisations partenaires de l'Agence américaine pour le développement international vont suspendre les activités financées par elle (...) jusqu'à être assurées de pouvoir opérer sans ingérence et sans harcèlement» de la part du Hamas, souligne le texte.

Le responsable américain a accusé le Hamas «d'avoir porté atteinte par une série de mesures à la capacité d'organisations non gouvernementales d'apporter une aide aux habitants de Gaza dont la situation est particulièrement précaire».

Il s'est élevé notamment contre «la fermeture des bureaux à Gaza de l'International Medical Corps, financé par l'USAID après que cet organisme a refusé un contrôle de ses comptes».

«Nous sommes profondément déçus du fait que le Hamas ait une fois de plus préféré son programme politique au bien-être du peuple palestinien», a-t-il conclu.

En Cisjordanie, l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, a déploré les conséquences économiques de cette décision, appelant le Hamas à reconsidérer sa position.

Le ministre palestinien de l'Économie Hassan Abou Libdeh a ainsi appelé le Hamas «à s'abstenir de toute action qui porterait atteinte aux relations avec des ONG».

«Les ONG s'emploient à reconstruire Gaza. Tout arrêt de leurs activités aura de graves conséquences économiques», a-t-il ajouté dans une déclaration à l'AFP.

Mais le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza a réaffirmé son exigence de pouvoir vérifier les comptes des ONG caritatives financées par l'USAID dans ce territoire.

«Le ministère de l'Intérieur du gouvernement Hamas entend exercer ses droits légaux concernant la surveillance de toutes les institutions opérant à Gaza», a déclaré vendredi à l'AFP un porte-parole du Hamas, Taher al-Nounou.

Il s'est plaint que «l'USAID refuse de reconnaître le gouvernement en place à Gaza (le Hamas, ndlr)», estimant que quiconque «souhaite travailler en territoire palestinien doit se plier à la loi palestinienne».

M. Nounou a précisé que la suspension de l'aide américaine ne changerait pas cette décision.

Selon le New York Times, le département d'État américain a averti jeudi la direction du Hamas à Gaza qu'il retirerait son aide annuelle de 100 millions de dollars destinée aux services de santé, à l'agriculture et au réseau d'eau potable du territoire, si elle persistait à exiger le contrôle des finances d'associations caritatives américaines opérant à Gaza.

Vainqueur des élections législatives palestiniennes de 2006, le Hamas a saisi le pouvoir dans la bande de Gaza en juin 2007 lors d'un coup de force contre son rival le Fatah, principal mouvement de l'Autorité palestinienne.

La communauté internationale reconnaît comme unique pouvoir légitime l'Autorité palestinienne, toutefois, les ONG opérant à Gaza traitent de facto avec le Hamas comme un pouvoir en place.

De son côté, Le Caire a ouvert une enquête sur le financement présumé d'ONG égyptiennes par l'étranger tandis que le directeur d'USAID, Jim Bever, quittait son poste en Égypte sur fond de tensions entre Washington et les généraux au pouvoir.

Les États-Unis ont dit mercredi avoir fait part au gouvernement égyptien de leurs inquiétudes quant à un sentiment «antiaméricain» dans le pays, mais vendredi, leur ambassade au Caire a annoncé le départ de M. Bever qu'elle a estimé sans lien avec «un sentiment antiaméricain».