La contestation sociale en Israël est montée d'un cran samedi avec la participation de plus de 300 000 manifestants à Tel-Aviv et dans d'autres villes, venus réclamer la «justice sociale».

Cette mobilisation, la plus importante dans l'histoire d'Israël sur des sujets sociaux, a montré la vigueur d'une contestation, lancée il y a trois semaines et qui loin de s'essouffler prend encore de l'ampleur.

«Mission accomplie. Nous sommes bien plus nombreux que la semaine dernière», confie à l'AFP  Rachel Atar, une ingénieure en électronique, âgée de 45 ans.

«Enfin les classes moyennes prennent conscience de leur force» estime Édith Cohen (65 ans), assistante sociale.

Les organisateurs du mouvement se sont félicités que le nombre des manifestants ait largement dépassé la «masse critique» de 200 000 qu'ils espéraient atteindre, pour contraindre le gouvernement de droite à céder sur leurs revendications.

Le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, a évalué quant à lui à «plus 200 000 le nombre de manifestants à Tel-Aviv et 30 000 à Jérusalem», alors que des manifestations moins importantes étaient signalées dans d'autres localités.

Selon la radio militaire et d'autres médias, plus de 300 000 manifestants ont défilé dans tout le pays.

Lors d'une précédente manifestation, une semaine plus tôt, plus de 100 000 manifestants avaient défilé à Tel-Aviv et dans plusieurs autres villes du pays.

Arborant des drapeaux israéliens et quelques drapeaux rouges, les manifestants à Tel-Aviv ont scandé «le peuple exige la justice sociale», «le peuple contre le gouvernement» et «nous voulons un État providence , tout de suite».

Dans une ambiance de kermesse, ils ont déployé des banderoles appelant notamment à la «solidarité» et une grande affiche avec l'inscription: «ici c'est l'Égypte», en référence au Printemps arabe et au mouvement de contestation qui a renversé le président égyptien Hosni Moubarak.

Les manifestants, dans leur écrasante majorité laïcs, réclament de nombreuses mesures: construction massive de logements pour offrir des locations à bas prix, hausse du salaire minimum, taxes sur les appartements inoccupés et école gratuite à tout âge.

Lors d'un rassemblement devant le ministère de la Défense à l'issue de la manifestation, des représentants de différentes composantes de la société israélienne ont appelé à poursuivre la lutte.

Le dirigeant de l'association nationale des étudiants, Izik Shmuli, a dénoncé le «creusement du fossé social». Le rabbin Benny Lau, figure du sionisme religieux, a proclamé qu'Israël» ne mérite pas d'être considéré comme un État juif tant qu'il ne suit pas les règles de justice sociale» de la Bible.

L'écrivain arabe israélien Sayed Kashua a pour sa part, dénoncé «les destructions de maisons dans les localités arabes, les saisies de terres» et autres mesures discriminatoires, visant une minorité qui représente 20% de la population globale.

À Jérusalem, les manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville puis se sont rendus devant la résidence du premier ministre, Benjamin Netanyahu.

Déclenché à la mi-juillet contre la hausse effrénée du prix des logements, le mouvement social mobilise surtout les classes moyennes. Il est soutenu par les médias, de nombreux artistes et par l'opposition, bien qu'il refuse toute participation de partis.

Regroupant une quarantaine d'organisations sociales, il dénonce la politique de privatisations à outrance menée par les différents gouvernements qui se sont succédés en Israël depuis plusieurs décennies et la dégradation du service public.

M. Netanyahu a nommé une commission censée ouvrir des négociations avec les dirigeants du mouvement de contestation, justifiant certaines de leurs demandes tout en les accusant de «verser dans le populisme».