Les dirigeants irakiens ont donné leur feu vert mercredi à l'ouverture de négociations pour le maintien d'un contingent américain de formateurs militaires en Irak après la date-butoir de fin 2011, comme le réclamait Washington depuis plusieurs mois.

«Les partis politiques sont tombés d'accord pour laisser le gouvernement démarrer des négociations avec la partie américaine sur les seules questions de formation» après la date prévue pour le retrait total des forces américaines d'Irak, a déclaré à l'AFP le ministre des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari.

«Ceci est une déclaration d'intention pour permettre au gouvernement de démarrer des négociations. Il n'y a pas de détails sur des chiffres, ou sur de nouveaux accords», a ajouté le ministre.

M. Zebari s'exprimait à l'issue d'une réunion politique de plusieurs heures à ce sujet entre formations politiques irakiennes aux côtés du Premier ministre Nouri al-Maliki, sous la houlette du président Jalal Talabani.

«Ce lien de formation devra viser à renforcer la souveraineté de l'Irak», a-t-il insisté.

Les États-Unis ont encore 47 000 soldats en Irak, qui doivent tous partir à la fin de l'année, selon l'accord de sécurité signé en novembre 2008 entre Bagdad et Washington.

«Nous apprécions le soutien manifesté par la plupart des leaders politiques lors de la réunion présidée par le président Talabani», a réagi un responsable de l'ambassade américaine à Bagdad, interrogé par l'AFP.

«Nous examinons la décision du gouvernement irakien de discuter d'un partenariat continu de formation militaire qui fasse suite à l'accord stratégique américano-irakien de 2008», a-t-il ajouté sous couvert d'anonymat.

Les États-Unis restent engagés en faveur «d'un partenariat large et de long terme avec le peuple irakien, et nous reévaluerons notre relation en matière de sécurité dans ce contexte», selon lui.

Les responsables américains avaient multiplié depuis plusieurs mois les démarches pour le maintien de troupes en Irak, bien que cette idée soit largement impopulaire dans le pays. Les partis politiques irakiens ont repoussé leur décision à plusieurs reprises, faute de consensus.

Les Kurdes avaient fait savoir qu'ils souhaitaient que les soldats américains restent alors que le chef radical chiite Moqtada Sadr s'y est dit totalement opposé. Les autres formations ne s'étaient jusqu'ici pas prononcées clairement.

Selon le Washington Post, l'administration Obama aurait proposé en cas d'accord de maintenir 10 000 hommes en Irak.

L'accord intervient quelques heures après la visite à Bagdad du plus haut gradé de l'armée américaine, l'amiral Mike Mullen, qui avait insisté auprès des dirigeants irakiens sur l'urgence de prendre une décision.

L'amiral a toutefois insisté sur le fait que le Parlement irakien devrait donner son accord pour accorder l'immunité contre toute poursuite pour les soldats américains basés en Irak.

La situation sécuritaire demeure tendue en Irak, avec des dizaines de morts violentes chaque semaine. En juillet, 259 Irakiens ont péri dans des attentats, dont 159 civils, 56 policiers et 44 soldats, selon des chiffres officiels.

Et selon un rapport de l'Inspecteur général spécial chargé de la reconstruction de l'Irak (Sigir), Stuart Bowen, paru la semaine dernière, l'Irak est moins sûr qu'il y a un an et la sécurité se dégrade.

Les Américains estiment pour leur part que les forces irakiennes sont capables de maintenir la sécurité intérieure mais pas encore en mesure de protéger l'espace aérien, les eaux territoriales et les frontières.

M. Maliki a indiqué la semaine dernière avoir relancé les discussions pour l'achat de 36 avions F-16 et suggéré d'inclure automatiquement dans chaque contrat d'armement la présence de formateurs militaires américains.